Quand la France débarque à Alger en 1830, elle ne prend ni un État ni un territoire, même pas une entité politique identifiable. Elle saisit une ville corsaire, un beylik côtier sans frontières et sans arrière-pays. L’essentiel du territoire – 80% de l’Algérie actuelle– sera inventé, mesuré, annexé, puis présenté comme une continuité naturelle. Des territoires sahariens marocains du Touat, du Gourara, du Tidikelt et de Tindouf aux zones prises à la Tunisie, à la Libye, au Niger et au Mali, voici ce qu’en disent les archives militaires françaises.