Lors d’une conférence de presse, Me Aïcha Guellaa, avocate au barreau de Casablanca et présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV), a souligné la singularité des crimes sexuels. Selon elle, ces actes revêtent une dimension judiciaire, juridique et sociale «tellement particulière qu’il est nécessaire de se doter de magistrats spécialisés».
Placée sous le thème «Quel rôle pour la justice au Maroc dans la protection des femmes victimes de violence?», cette rencontre a été l’occasion pour la présidente de l’association de soulever un point critique. Elle a notamment déploré que la qualification de «traite des êtres humains» n’ait pas été retenue lors du procès en appel de Jacques Bouthier à Tanger. Elle a souligné à cet égard un contraste frappant avec la procédure française visant le même ressortissant, où ce chef d’accusation a, au contraire, été maintenu.
«Nous avons le sentiment que le verdict de Tanger s’est montré clément envers le principal accusé, tout en étant injuste pour les victimes», ont déploré les membres du bureau de l’AMDV. Cette conférence de presse a été l’occasion d’une analyse critique de plusieurs procès emblématiques liés aux agressions sexuelles au Maroc.
Pour prévenir la répétition de ce genre de crimes, Aichaa a souhaité «une vigilance et une responsabilité accrues de la justice». Abordant la question des indemnisations non exécutées au profit de la partie civile, les membres de l’Association de défense des droits des victimes ont invité à ce propos l’Exécutif à trouver les moyens appropriés pour mettre en œuvre les sentences judiciaires. «L’Etat peut créer par exemple un fonds d’indemnisation des victimes, il faut rechercher un dispositif», a proposé Me Aïcha Guellaa, réaffirmant que son association «continuera à défendre les droits des victimes».
Cette rencontre intervient à l’occasion des journées internationales de lutte contre la violence à l’égard des femmes, qui constituent «une étape annuelle pour le plaidoyer, l’évaluation et le renouvellement de l’engagement collectif contre toutes les formes de violence basée sur le genre». Cette conférence, selon un communiqué, s’inscrit dans un contexte national marqué par «la persistance des manifestations de violence à l’égard des femmes, malgré les dispositions constitutionnelles, les engagements internationaux du Royaume du Maroc et la promulgation de la loi n° 103.13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes».
L’AMDV a en outre mis en relief le rôle de la justice dans la protection des femmes victimes de violence et les contraintes pratiques qui entravent l’accès à la justice pour les femmes victimes.








