Vidéos. Grand froid: comment les associations se mobilisent en faveur des plus vulnérables

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La semaine dernière, le gouvernement a annoncé le lancement du programme national de lutte contre le froid pour les populations vulnérables dans les zones enclavées. Quant aux associations, voici comment elles s’organisent, de différentes manières, pour venir en aide aux plus démunis. Reportage.

Le 28/11/2019 à 08h49

"Pour l'actuelle saison hivernale, le programme national mobilisera environ 2.500 médecins, plus de 765 unités médicales mobiles, 453 ambulances et 953 véhicules de déneigement", a indiqué, interrogé par Le360, Abdelkader Amara, ministre de l'Equipement, du transport, de la logistique et de l'eau.

En renfort de ce plan national, les acteurs du monde associatif, qui travaillent déjà tout au long de l’année, se mobilisent et se préparent à redoubler d’efforts pour venir en aide aux sans-abris et aux populations défavorisées, plus vulnérables lors de la saison hivernale.

Le360 a donc rendu visite à trois associations qui œuvrent tout au long de l’année auprès de ces populations, de différentes manières: l’association Jood, l’association Lueur d’espoir et le Samu Social.

L’association Jood.L’association Jood a officiellement été créée en 2016, mais son activité avait déjà débuté en 2015 avec l’organisation de la première "maraude nocturne". Les "maraudes nocturnes" sont au cœur de l’activité de cette association, et consistent à tourner dans les rues des villes du royaume pour distribuer des repas aux sans-abris.

Aujourd’hui, l’association Jood distribue 6.400 repas tous les mois, dans quatre villes du royaume: Casablanca, Rabat, Marrakech et El Jadida.

Cependant l’activité de l’association ne se limite pas à la seule distribution de repas. En 2019, en effet, 354 sans-abris ont été soignés et 253 ont pu bénéficier d’un accompagnement pour leur réinsertion sociale.

Avec l’arrivée de l’hiver, Jood déploie un dispositif spécial et assure la distribution de "pack hiver" (8.466 packs ont déjà été distribués) comprenant des couvertures et des vêtements chauds.

Nouveauté de Jood pour cette année 2019: le lancement du camion-douche, dès le 2 décembre prochain. Ce camion, spécialement aménagé, ira à la rencontre des sans-abris pour qu’ils puissent se laver, se raser ou encore se couper les ongles et se changer. A bord du véhicule, Jood a mis à leur disposition des pantalons, des pulls, ainsi que des joggings et des baskets.

En 2020, une application Jood Tag devrait voir le jour, elle permettra de géolocaliser les SDF, définir leurs besoins et leur situation et rendre visibles aux citoyens géographiquement proches d'eux, qui pourront donc leur venir en aide afin de faciliter leur réinsertion sociale.

Le360 a donc participé à une journée-type de "Jooders", le nom donné aux bénévoles de l’association. Ils sont très précisément 2.933 en cette fin d'année 2019, et s’activent dès l’après-midi pour assurer la préparation des repas avant de procéder à leur distribution dans la nuit.

Les Jooders sont de tous âges et issus de catégories sociales diverses, l’ambiance qui règne dans les locaux casablancais de l'association est bon enfant, et donne ce sentiment rassurant de voir une seule et même grande famille s'activer dans un but commun. Les préparations et les distributions de repas et de vêtements se font dans la joie et la bonne humeur. Jood assure deux distributions par semaine à Casablanca.

22h30. Le top départ est donné, deux véhicules utilitaires aux couleurs de l’association et les voitures personnelles de certains Jooders, sont chargé des caisses dans lesquelles sont entreposées les repas. Pour ce soir, le repas est composé d’un plat de pâtes, de pain, de deux fruits, d'une portion de fromage et d'un gâteau. Chaque équipe de Jooders couvre une zone préalablement délimitée dans cette vaste ville qu'est Casablanca.

Pour Le360, direction le quartier d’Anfa, pour la distribution de ces repas. La machine est déjà bien rodée: pendant que la voiture sillonne les rues de Casablanca, les Jooders sont à l’affût, les yeux rivés sur les trottoirs. Dès qu’un sans-abri est aperçu, la voiture s’arrête et l’équipe se déploie et distribue les repas et des couvertures en cas de besoin.

Certains sans-abris reconnaissent la voiture et accourent vers les bénévoles. En effet, au fil du temps, ceux-ci et les sans-abris ont pu nouer des liens d’amitié et d’affection, notamment sur le boulevard Ziraoui, ou vit une femme que les Jooders ont affectueusement surnommée Mi Aicha.

La maraude ne laisse pas indifférent, la joie qui règne entre les bénévoles laisse parfois place à de la tristesse et à de l’incompréhension à la vue des conditions de vie de certains sans-abris, qui dorment dans des terrains vagues, au milieu de détritus, ou encore ces enfants livrés à eux-mêmes dans les rues, ravagés par leur addiction à la colle.

L’association travaille actuellement sur un projet, un centre destiné aux sans-abris comprenant un programme de désintoxication, un accompagnement juridique pour les procédures administratives, une initiation à la discipline, un coaching pour croire en soi et un programme de formation aux différents métiers du bâtiment.

Un accord a été trouvé avec la fédération des promoteurs immobiliers qui s’est engagée à bâtir ce centre et à aider à l’embauche des bénéficiaires. Il ne manque plus qu’à trouver un terrain qui abritera ce projet de l'association Jood. 

L’association lueur d’espoir CasablancaL’association Lueur d’Espoir, fondée en 2012, travaille tout au long de l’année sur deux volets: humanitaire et médical. Elle organise des opérations ponctuelles en ville, en faveur des sans-abris, avec la distribution de ftours pendant le mois de Ramadan ainsi que dans les régions enclavées du royaume, où elle déploie des caravanes médicales ou distribue des fournitures scolaires.

Concernant la saison hivernale à venir, l’association Lueur d’Espoir organise une caravane médicale et humanitaire dans la région de Taroudant. Durant le second week-end du mois de janvier 2020, la caravane assurera des soins médicaux aux habitants de cette région enclavée, et procèdera également à la distribution de produits de première nécessité ainsi de couvertures et de vêtements chauds.

En parallèle à ces différentes actions, l’association participe à la rénovation d’écoles et à la création de projets sociaux durables, générateurs de revenus, pour aider les familles démunies et les accompagner dans un processus de réinsertion sociale.

L’association Lueur d'Espoir prépare actuellement la caravane du mois de janvier... Tout don sera donc le bienvenu pour venir en aide aux populations de zones enclavées du royaume. Pour plus d’informations concernant les donations, rendez-vous sur la page Facebook de l’association.

Le Samu Social CasablancaFondé en 2005, à Casablanca, l’association du Samu Social œuvre dans plusieurs domaines auprès des populations défavorisées, tant sur un plan médical que social.

Tout au long de l’année, le centre du Samu Social, situé dans le quartier Bourgogne à Casablanca, est ouvert à toute personne démunie et offre différents services, tels qu’un accompagnement médical, des places d’hébergement pour les sans-abris, un accompagnement psychologique et social ainsi qu’un service de restauration pour les démunis. 

Pour cette saison hivernale, le centre augmente sa capacité d’hébergement, 23 à 25 lits supplémentaires sont destinés à accueillir les personnes âgées qui vivent dans la rue.

En partenariat avec Handicap International, le Samu Social offre, de plus, une assistance particulière aux personnes démunies venues de différents pays de l'Afrique de l'Ouest, en plus de l’ensemble des prestations qu’offre le centre, l’association loue et équipe des appartements pour loger les sans-abris, procède à la distribution de bons alimentaires ainsi que des bons pour un accès au hammam.

Les "maraudes nocturnes" sont au cœur de l’activité de cette association. Entre 21h00 et 6h00 du matin, les équipes du Samu Social sillonnent les rues de Casablanca, pour porter assistance aux personnes démunies.

Le360 a accompagné l’une de ces équipes, le temps d’une mission.

L’équipe de cette maraude est constituée d’un infirmier expérimenté, d'un travailleur social et d’un ambulancier.

23 heures. Direction un "point noir" de Casablanca: la gare routière d’Ouled Ziane. Il y a en effet beaucoup de sans-abris dans les parages de cette gare, souvent porte d’entrée de personnes en situation de détresse.

Sur place, l’équipe du Samu Social effectue une ronde à l'intérieur même de la gare routière pour essayer de repérer des mères célibataires qui auraient été contraintes de fuie le domicile familial, par peur de représailles. L'équipe cherche également des enfants qui ont fugué pour différentes raisons.

Devant l’entrée de la gare, plusieurs sans-abris, pour la plupart des enfants, viennent à la rencontre de l’équipe. Là aussi, des liens se sont tissés entre les travailleurs sociaux et les SDF, certains montrent leurs blessures, d’autres font part de leurs besoins. 

De retour dans l’ambulance du Samu Social, les blessures des enfants sont soignées par l’infirmier de cette équipe, et l’assistant social fait le point avec eux sur leur situation, et les invite à se rendre au centre du quartier Bourgogne. 

Plusieurs femmes, le plus souvent des mères célibataires ou enceintes, vivent dans les environs de la gare. Ce soir-là, l’équipe du Samu social a réussi à convaincre l’une d’entre elles de rejoindre le centre.

Presque à terme, arrivée à ses 9 mois de grossesse et déjà mère d’une petite fille de 3 ans, cette femme d’une trentaine d’années sera prise en charge dans le centre, et bénéficiera d'un accompagnement jusqu'à la naissance de son enfant.

Ces trois associations casablancaises œuvrent de différentes manières, mais leurs actions sont complémentaires et permettent de venir en aide à des personnes défavorisées et démunies dont le nombre ne cesse de croître.

Par Mehdi Heurteloup
Le 28/11/2019 à 08h49