Vidéo. Investigation360 - EP2. La lutte contre la spoliation foncière

Le360

Le 06/11/2020 à 18h35

VidéoImpliquant un réseau criminel dont le modus operandi est quasi-industriel, le fléau de la spoliation foncière a pris une ampleur telle qu’il a fallu l’intervention de la plus haute autorité du pays. C’est ce que nous révèle cette enquête sur une véritable mafia de l’immobilier.

Des réseaux criminels organisés tissent leur toile d’araignée au Maroc et mettent la main sur les biens immobiliers d’autrui. La spoliation foncière, car c’est de cela dont il s’agit, implique plusieurs responsables et les parties prenantes usent de tous les subterfuges pour atteindre leur but ultime: s’approprier ce qui ne leur a jamais appartenu.

Devant les tribunaux, plus d’une trentaine d’affaires sont en cours d’examen laissant des centaines de victimes dans l’expectative. C’est le cas de Zoubida, qui a découvert en 2011 que l’appartement acheté par sa mère dans les années 50 a été vendu alors qu’elle y habite. Prix de la transaction: 100.000 dirhams, soit 6 à 8 fois moins que sa valeur réelle sur le marché. «J’ai tout fait pour surseoir au jugement d’expulsion pour éviter de me retrouver dans la rue, à l’instar de plusieurs de mes voisins», nous confie-t-elle.

Au fil de notre enquête sur ce phénomène, des victimes, des notaires, des avocats, des agents de la conservation foncière nous expliquent comment les propriétaires sont délestés de leur bien du jour au lendemain et nous dévoilent le modus operandi de cette mafia.

«La spoliation immobilière est un crime qui se construit sur des bases administratives et judiciaires. Une personne falsifie un document administratif qu’il présente à la conservation foncière. Ce document devient officiel et permet à la personne de s’approprier un bien immobilier», nous explique Mohamed Moutazaki, président de l’association regroupant les victimes. Le processus de faux et usage de faux est quasi-industriel. Un travail à la chaîne qui fait gagner un argent fou à ses protagonistes et pourrit la vie de centaines de propriétaires.

Le phénomène a pris une ampleur telle qu’il a fallu l’intervention du roi Mohammed VI. Depuis, des mesures ont été prises pour tenter de contenir le fléau, en attendant que les victimes obtiennent justice, à la suite de procès qui peuvent durer des décennies.

Par Fatima-Zahra El Aouni avec Qods Chabaa
Le 06/11/2020 à 18h35