Vidéo. Fès: les gardiens de voitures, ces autres victimes de la gestion de la chose publique

Le360

Le 16/11/2020 à 13h45

VidéoEn septembre 2020, la capitale spirituelle du Royaume s’est dotée d’une société de stationnement et de parkings. L’initiative ne fait pas l’unanimité des habitants de la ville et encore moins le bonheur des gardiens de voitures qui risquent de se retrouver sans ressources. Reportage.

Ils sont de tous âges, mais pour la plupart il s'agit de pères de famille. Ils gardent les voitures à longueur de journée. Ce métier les fait vivre et fait vivre les leurs. Mais voilà qu’avec la nouvelle décision du Conseil de la ville, leur gagne-pain risque de leur passer sous le nez.

Pour pallier le problème du stationnement sur la voie publique, la ville de Fès s’est dotée d’une Société de développement local (SDL): Fès Parkings, fruit d’un partenariat public-privé entre la ville et le groupement franco-italien KLB. Et ce, sous l’impulsion de la Commune de Fès, qui, faut-il le rappeler, est gérée par le Parti de la Justice et du développement (PJD), en la personne de Driss El Azami El Idrissi, passé à la postérité pour son expression «Biliki».

Pour autant, l’initiative a déplu à nombre de conducteurs. «Ce qui nous exaspère, c’est le prix du stationnement: deux dirhams l’heure. Moi, j’étais habitué à garer ma voiture et à ne payer que deux à trois dirhams la journée. Comme beaucoup d’autres, je ne suis pas en mesure de payer le montant réclamé», déclare devant Le360 un Fassi.

«Ce sont des prix exorbitants», juge un autre. «Il faut tenir compte des conditions socio-économiques de la ville et qui ne sont pas reluisantes.»

Mais quid des gardiens de voitures? Interrogés par Le360, ces derniers s’estiment laissés-pour-compte. C’est qu’explique Hicham, exerçant ce métier depuis 18 ans. «Personne ne nous a consultés, personne ne nous a invités à un dialogue. Que va-t-on faire? Comment va-t-on nourrir nos familles si demain on nous interdit de cette manne», avance-t-il. Et de proposer: «si l’on veut nous écarter, qu’ils nous trouvent une alternative».

Son collègue, Abdelalil, 48 ans, 22 ans de métier et 7 enfants à nourrir, abonde dans le même sens. «Si demain, on m’envoie au chômage, ma famille et moi risquons d’être dans la rue», dit-il, et ajoute: «il faut trouver une solution». 

Par Ahmed Echakoury
Le 16/11/2020 à 13h45