L’alerte a été donnée il y a quelques jours. Comme la plupart des rivières et autres retenues d’eau au Maroc, le fleuve Moulouya se porte mal. Très mal même. Pour la première fois de l’histoire, celle que nous connaissons en tout cas, le cours de ce fleuve est devenu si faible, qu'il n’arrive plus à se jeter dans la Méditerranée près de Saïdia, comme il se doit.
Et les premiers touchés par l'assèchement du fleuve dans la région sont les agriculteurs «Les signes de cet assèchement ont commencé à se manifester il y a cinq ans. Mais, là, ils s’aggravent. Sans le Moulouya, pas d’agriculture, pas d’économie!», se désole un fellah. La faute à la rareté des pluies? Il y a de cela, mais il y a aussi la pression exercée sur le fleuve par les agriculteurs.
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Le militant écologiste Mohamed Benata, qui garde un œil vigilant sur l’environnement dans l’Oriental, s'intéresse au Moulouya. Et face à l'amenuisement de son cours, il se désole de voir l’eau de mer «envahir» le fleuve sur près de 15 kilomètres, ce qui a poussé les agriculteurs à cesser toute activité. Car, si la teneur normale en sel dans les eaux du Moulouya est de 0,5 gramme/litre, elle a fini par atteindre 7g/l.
Mohamed Benata ne cherche pas ses mots pour accuser à la fois les barrages qui parsèment le parcours du fleuve et les multiples stations de pompage dont la dernière a été édifiée à Zaïo, près de Nador.
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Mohamed Bousfoul, directeur régional du ministère de l’Agriculture est tout aussi atterré par cette situation du fleuve, mais apporte d’autres explications. «Nous vivons des conditions exceptionnelles, mais nous sommes obligés de donner la priorité à l’irrigation des arbres car il est plus difficile de faire revivre un arbre que d’arroser des fruits et des légumes, dont le melon qui consomme trop d’eau», explique Mohamed Bousfoul. Ainsi, il réfute les accusations portées contre les stations de pompage.
Dans un cas comme dans l’autre, il est dit qu'aujourd'hui seul le ciel est capable de sauver le fleuve Moulouya, sa faune, sa flore et ceux qui en vivent…