Un faux représentant du parquet arrêté à Casablanca pour tentative de manipulation judiciaire

mohamed Elkho-Le360

Revue de presseUn individu se faisant passer pour un substitut du procureur du Roi à Casablanca a été arrêté après avoir tenté de convaincre une avocate de renoncer à un pourvoi en cassation. L’affaire a révélé l’existence d’un réseau soupçonné de trafic de dossiers judiciaires, actuellement dans le viseur de la police judiciaire. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 28/09/2025 à 18h38

Le parquet général près la Cour d’appel de Casablanca est intervenu, samedi dernier, dans une affaire sensible de manipulation de procédures judiciaires impliquant un individu soupçonné d’appartenir à un réseau spécialisé dans le trafic de dossiers judiciaires. Relatant l’information, le quotidien Assabah précise, dans son édition de ce lundi 29 septembre, que le mis en cause a été placé en détention provisoire à la prison locale d’Aïn Sebaâ, tandis que les enquêtes se poursuivent pour identifier l’ensemble de ses complices.

L’affaire a éclaté lorsque le prévenu a pris contact par téléphone avec une avocate inscrite au barreau de Casablanca, se présentant comme substitut du procureur du Roi au tribunal d’Aïn Sebaâ. Pour donner plus de crédibilité à son imposture, il a utilisé le nom d’un magistrat bien réel du parquet.

Lors de cette conversation, il a tenté de convaincre l’avocate de ne pas déposer de pourvoi en cassation dans un dossier qu’elle suivait, pour lequel un jugement en appel venait d’être rendu. Cherchant à la rassurer, l’homme affirmait pouvoir «gérer la situation», sous-entendant disposer de marges d’influence sur l’issue de l’affaire, écrit le quotidien.

Intriguée par la démarche et le ton inhabituel de l’appel, l’avocate a décidé, dès le lendemain, de se rendre directement au bureau du magistrat dont le nom avait été utilisé. Ce dernier a immédiatement nié toute implication et insisté sur l’application stricte de la loi. La démarche de l’avocate a alors conduit à informer officiellement le parquet, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête confiée à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ).

Les investigations se sont appuyées sur le numéro de téléphone utilisé pour l’appel frauduleux. Bien que la ligne ait été rapidement désactivée, les analyses techniques et les réquisitions menées par la police judiciaire ont permis, en un temps record, de remonter jusqu’au suspect. Celui-ci a été interpellé et son téléphone portable saisi.

Selon des sources proches du dossier citées par Assabah, ce n’est pas un cas isolé. Les premiers éléments indiquent que le mis en cause ferait partie d’un réseau plus large impliqué dans le trafic et la médiation illégale de dossiers judiciaires. L’exploitation des données contenues dans son téléphone aurait révélé de nombreux contacts et informations sensibles, laissant entrevoir l’existence d’une véritable filière organisée.

Si le principal suspect a déjà été déféré devant la justice et placé en détention, les enquêteurs n’ont pas clos leurs investigations. Elles visent désormais à identifier l’ensemble de ses complices, à établir les ramifications de ce réseau et à déterminer l’ampleur réelle des dossiers manipulés.

Cette affaire illustre, selon des juristes contactés, la vigilance nécessaire face aux tentatives d’infiltration ou de manipulation du système judiciaire. Elle met également en lumière le rôle déterminant de la vigilance des professionnels du droit dans la préservation de l’intégrité des procédures.

Par La Rédaction
Le 28/09/2025 à 18h38