Transport agricole à haut risque: une nouvelle tragédie impose des réactions immédiates

Un accident d'un camion transportant des ouvriers agricoles.

Revue de presseLa mort de quatre ouvrières agricoles et les blessures de seize autres dans un accident près d’Agadir ont ravivé le débat sur la sécurité du transport des travailleurs du secteur agricole. Entre véhicules vétustes, routes dégradées et manque de régulation, le problème persiste depuis des années, malgré les alertes répétées. Cet article, est une revue de presse, tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 23/09/2025 à 18h29

Le pire s’est à nouveau invité sur les routes du Souss.

Quatre ouvrières agricoles ont perdu la vie et seize autres ont été blessées, certaines grièvement, dans un accident survenu samedi matin aux abords d’Agadir.

Cet énième épisode d’une série noire, qui illustre la précarité du transport collectif des travailleurs et travailleuses agricoles dans la région, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 24 septembre.

Chaque mois, près de 200 ouvriers et ouvrières agricoles seraient victimes d’accidents liés au transport vers les exploitations, selon des chiffres avancés par des syndicats du secteur.

Les causes sont multiples, a-t-on lu: véhicules vétustes ne répondant à aucune norme de sécurité, routes rurales étroites et mal signalées, excès de vitesse et comportements imprudents de certains chauffeurs.

Résultat: des drames, à répétition, souvent meurtriers, qui transforment la quête quotidienne de subsistance en souffrances multiples.

Face à la multiplication des accidents, tous les regards se tournent vers les acteurs publics et privés.

Mohamed Abdeljalil, ancien ministre du Transport et de la Logistique, avait déjà pointé du doigt la responsabilité des exploitants agricoles et coopératives.

Il leur avait demandé de mettre en place des solutions de transport conformes à la réglementation, en coordination avec les services régionaux concernés, a écrit Al Akhbar.

«La sécurité et la santé des ouvriers doivent être préservées», avait-il martelé, devant les conseillers parlementaires, appelant à un renforcement des contrôles routiers et à l’intégration de ces déplacements dans les programmes des comités provinciaux de sécurité routière.

Pour sa part, Mohamed Sadiki, ancien ministre de l’Agriculture, avait souligné le caractère transversal du problème, qui dépasse le seul cadre de son département.

«Le transport des ouvriers agricoles relève d’une question structurelle impliquant plusieurs ministères, notamment l’Emploi, l’Intérieur, le Transport et l’Équipement», avait-il affirmé.

Il avait évoqué la création d’une bourse de main-d’œuvre agricole destinée à mieux organiser le recrutement et les déplacements des travailleurs. Mais ce projet reste suspendu à la mobilisation des différents acteurs institutionnels et économiques, ainsi qu’à la mise en place de moyens de transport adaptés et sécurisés.

Malgré la succession des drames, aucune solution structurelle n’a encore vu le jour.

Le système continue de reposer sur des véhicules inadaptés et des pratiques informelles, au prix de vies humaines fauchées sur les routes.

Les ouvrières agricoles, souvent premières victimes de ce fléau, incarnent une double vulnérabilité : celle de la précarité sociale et celle de l’insécurité routière.

En attendant des mesures concrètes et une coordination effective entre les ministères et les acteurs du secteur agricole, la route vers les exploitations du Souss demeure un terrain miné pour des milliers de travailleuses et travailleurs, contraints de mettre chaque jour leur vie en jeu, pour un salaire somme toute modique.

Par La Rédaction
Le 23/09/2025 à 18h29