Transidentité: «je m’appelle Ghali, je suis transgenre, et depuis tout petit j'étais prisonnier de mon corps de femme»

Ghali, transgenre, a commencé son processus de transition il y a deux ans, avec le soutien de ses parents.

Ghali, transgenre, a commencé son processus de transition il y a deux ans, avec le soutien de ses parents. . le360

Le 02/04/2022 à 18h48

VidéoIl y a deux ans, en plein confinement, Ghali a décidé de faire son coming out transgenre. Invité par Le360, il se confie sur sa transition et sur les souffrances endurées lorsqu'il était plus jeune. Aujourd’hui, sa volonté est de faire évoluer les mentalités. Entretien.

Depuis son plus jeune âge, Ghali sentait que son âme n'était pas en adéquation avec son enveloppe corporelle. En effet, quelque chose clochait en lui, mais aucun mot ne pouvait véritablement décrire son malaise, tant physique que psychique. «J’étais prisonnier de mon propre corps, et je ne pouvais rien y faire», raconte-t-il.

Pour ce jeune de 27 ans, parti s'installer en Belgique, vivre dans le corps d’une femme était un combat qu’il menait quotidiennement contre lui-même. Mentalement, Ghali se considérait depuis toujours comme un homme, mais son physique constituait un réel obstacle à sa libération. 

Et c’est en 2020, pendant le premier confinement dû au Covid-19, qu’il décide de faire son coming out transgenre et d'entamer son parcours de transition à 25 ans, lorsqu’il se sent enfin prêt.

«On ne crée pas la transidentité. Elle vit en nous depuis notre plus jeune âge. Pour ce qui est de mon cas, je n’ai jamais été à l’aise dans mon corps de femme. La décision d’acter cette transition physique et de m’assumer pleinement, est arrivée après avoir obtenu mon baccalauréat. Pour moi, c’était vital, il fallait que je devienne un homme, parce que depuis l’âge de 13 ans, j’enchainais les dépressions, et il fallait à tout prix que je mette fin à ces épisodes de déprime», explique-t-il.

Lorsque les personnes transgenres entament leur parcours de transition, certaines ont la chance de pouvoir s'appuyer sur l'amour et le soutien indéfectible de leurs proches. Ce fût le cas de Ghali, qui après avoir raconté sa souffrance à sa famille, a finalement été soutenu par ses parents tout au long de ce processus. Et pour Ghali comme pour ses parents, ce changement passait forcément par des interventions chirurgicales.

«La première chose que j’ai faite était de me diriger vers un psychologue pour lui faire part de mes souffrances et du malaise ressentis depuis tout petit. Ce professionnel de la santé est la seule personne habilitée à émettre une autorisation pour acter le début de la transition physique. Par la suite, je me suis dirigé vers un médecin généraliste qui m’a soumis à son tour à des analyses hormonales. Aujourd’hui, cela fait un an et deux mois que j’ai commencé les injections de testostérone. Après les 8 premiers mois, plus précisément le 10 août 2021, j’ai décidé de subir une torsoplastie qui consiste en une double mastectomie (ablation des glandes mammaires) et la construction d’un torse d’allure masculine. Pour ce qu'il en est de la phalloplastie (construction de l’organe génital masculin), elle est prévue, mais pas pour le moment», témoigne-t-il.

Deux années après le début de son parcours de transition, Ghali est plus épanoui que jamais et sait parfaitement qui il est. Pour ce jeune homme, découvrir qui l’on est, est vraiment le combat de toute une vie, et choisir de devenir un homme, malgré son ancien corps de femme, ne l’empêchera en aucun cas de se marier et d’avoir des enfants.

«Je compte bien évidemment me marier et avoir des enfants, mais je dois tout d’abord procéder à une vitrification des ovules. Ce n’est qu’à ce moment-là, que je subirai la phalloplastie, la dernière étape de ma transition», poursuit-il.

Ses plus grandes leçons, Ghali les a apprises dans ses plus grandes souffrances. Aujourd'hui, il est fier de la personne qu'il est devenu et mettra toute sa force, toute sa conviction et toute sa passion à guider celles et ceux qui cherchent encore la lumière au bout du chemin.

Par Ghania Djebbar et Khadija Sebbar
Le 02/04/2022 à 18h48