Le phénomène de la traite des êtres humains commence à prendre de plus en plus d’ampleur au Maroc. Le royaume serait devenu une plaque tournante pour les réseaux organisés de trafic d’êtres humains, tels sont les résultats d’une étude réalisée par l’ONU Femmes et le Programme de coopération suisse, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son numéro de ce mercredi 6 mai.
Selon cette étude, dévoilée mardi à Rabat par le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, les réseaux de trafic d’êtres humains procèdent à "l’achat" des victimes dans leurs pays d’origine en Afrique subsaharienne avant de les transférer vers les villes marocaines, les obligeant à s’adonner à "la prostitution et la mendicité".
Ne reculant devant rien, ces réseaux criminels recourent à la menace des victimes, déplore l’étude qui relève que ces dernières sont contraintes à rester au Maroc, des années durant, pour exercer des activités illégales en vue d’épargner de l’argent leur permettant de gagner l’Eldorado européen à bord des pateras au risque de leur vie. Une fois arrivées au Maroc, les femmes et les jeunes filles sont souvent forcées de se prostituer alors que d’autres feront du travail domestique, relève l’étude, citée par la publication.
Certaines femmes subsahariennes sont contraintes d’avoir des enfants pour mendier. D’autres seront "vendues" à des réseaux de prostitution opérant dans les grandes villes du royaume comme Casablanca. D’après l’étude, les Nigérianes viennent en tête des victimes de ce trafic sexuel. Les originaires des Philippines travaillent de plus en plus comme femmes de ménage.
Sur 5000 Philippines installées au Maroc, 60% sont employés en tant que "bonnes" dans des familles marocaines, et souffrent de violence. Sur les 7 cas de violence parvenus sur les bureaux de la police, un seul a abouti en justice. Le rapport relève également le phénomène de l’exploitation sexuelle des Marocaines à l’étranger, en particulier en Europe et dans des pays du Golfe.
En Europe, le rapport note l’existence, entre 2010 et 2012, de 56 cas en Belgique, 47 en France, 36 aux Pays-Bas, 30 en Grand Bretagne, et 5 au Danemark.
Face à ce phénomène de la traite d’êtres humains qui va crescendo, le royaume est appelé plus que jamais à durcir les lois pour mieux condamner les trafiquants d’êtres humains, à encourager les victimes à prendre part aux enquêtes pour mieux démanteler les trafics et à mieux protéger les ressortissants marocains qui sont victimes d’esclavage à l’étranger.
Une étude qui tombe mal, puisque le gouvernement vient à peine d’approuver un projet de loi relatif à la lutte contre la traite des êtres humains.