Tempête autour d’un député USFP: apologie de l’alcool, menaces de mort et soupçons de corruption

Argent cash.

Revue de presseLes propos fracassants d’un député de l’Union Socialiste, mêlant apologie de l’alcool et menaces d’exécuter des «criminels», jettent un nouvel éclairage sur les dérives d’un parti historique. Accusé de malversations financières, le parlementaire Mehdi Alaoui cristallise les critiques sur la crise morale et organisationnelle de l’USFP. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 13/07/2025 à 18h39

Une récente déclaration d’un parlementaire affilié à l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) a déclenché une vague de moqueries et d’indignation sur les réseaux sociaux.

Lors d’un rassemblement partisan tenu à son domicile dans la commune d’El Melaab, province d’Errachidia, le député Mehdi Alaoui s’est illustré par des propos pour le moins surprenants, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 14 juillet.

Devant quelque 3.000 sympathisants convoyés pour assister à un congrès régional, et en présence du premier secrétaire du parti, Driss Lachgar, ainsi que de plusieurs membres du bureau politique, Alaoui a fièrement affirmé que «les militants socialistes buvaient de l’alcool dans le calme et par amour».

Plus choquant encore, il a promis de «traquer les corrompus et les criminels pour les exécuter sur la place publique».

Ces propos, jugés irresponsables, ont ravivé le débat sur la dérive d’un parti longtemps perçu comme une école de formation des cadres et intellectuels, mais aujourd’hui accusé de dériver, écrit Al Akhbar. Pour certains, les déclarations du député s’apparentent à une incitation ouverte à la consommation d’alcool et à la violence.

Ironie du sort, Mehdi Alaoui, qui prétend faire de la lutte contre la corruption son combat, doit lui-même comparaître jeudi prochain devant le juge d’instruction chargé des crimes financiers près la Cour d’appel de Fès, écrit-on.

Il est poursuivi dans le cadre d’une enquête sur un vaste dossier de détournement et de dilapidation de fonds publics liés à la gestion de la commune qu’il dirigeait lors du précédent mandat communal.

Selon des sources concordantes citée par le quotidien, Alaoui aurait convoqué ce congrès à quelques jours de son audition, sans autorisation officielle.

Les autorités ayant refusé de délivrer un permis pour un rassemblement dans une salle publique, l’USFP n’ayant aucune structure formelle dans la province, le député a organisé l’événement dans son propre domicile. Une instance provinciale a été désignée en moins d’une heure, sans appel à candidatures ni élection en bonne et due forme, écrit-on encore.

Les accusations reposent notamment sur un rapport de l’Inspection générale de l’administration territoriale relevant du ministère de l’Intérieur.

Ce rapport épingle une série d’irrégularités dans la gestion des recettes communales: fixation arbitraire des taxes sur les débits de boissons et l’extraction de matériaux de carrières, non-recouvrement des taxes auprès des débitants qui n’ont ni déclaré leurs chiffres ni payé dans les délais légaux… La liste est longue.

Le document critique aussi l’absence de sanctions pour non-paiement, notamment contre une société exploitant une carrière sans déclaration trimestrielle ni bilan annuel.

Des sommes liées à des droits de stationnement ou de transport public n’ont jamais été recouvrées. À cela s’ajoutent des loyers impayés pour des biens communaux, sans qu’aucune mesure n’ait été prise pour protéger les intérêts financiers de la commune.

Par ailleurs, le rapport relève la faiblesse des loyers perçus, rarement révisés comme l’exige la législation, et dénonce une gestion opaque des dépenses. Le recours récurrent aux bons de commande de près de 200.000 dirhams chacun, au lieu de marchés publics, pour des études techniques souvent confiées à des bureaux non qualifiés, soulève également des questions, souligne Al Akhbar.

Les enquêteurs notent une augmentation inexpliquée de près de 48% des dépenses liées aux agents occasionnels entre 2017 et 2019, avec l’embauche de 125 personnes, sans évaluation claire des besoins réels ni transparence sur la nature des tâches confiées.

Autant d’éléments qui alimentent le dossier instruit par la brigade régionale de la police judiciaire, et qui pourraient coûter cher au député, désormais sur la sellette, à quelques mois d’échéances politiques majeures.

Par La Rédaction
Le 13/07/2025 à 18h39