La brigade environnementale de Tanger, rattachée au commandement régional de la Gendarmerie royale, a mené tôt, samedi matin, une opération de terrain minutieuse qui a permis de déjouer une tentative de mise en vente d’une importante quantité de viscères de bœuf impropres à la consommation. Ces produits, en provenance de la ville de Mechraa Bel Ksiri, étaient destinés aux marchés de Tanger, indique le quotidien Al Akhbar qui rapporte l’information dans son édition de ce lundi 10 novembre.
L’intervention a eu lieu au niveau du rond-point à l’entrée de la zone industrielle de Gueznaya, lorsque les gendarmes ont intercepté une petite camionnette. Après une fouille approfondie, ils ont découvert à bord près d’une tonne de viscères bovines prêtes à être écoulées sur les marchés tangérois, sans autorisation ni contrôle vétérinaire. Les premières constatations techniques réalisées par les agents et les services compétents ont révélé que la marchandise saisie était totalement impropre à la consommation humaine et présentait un réel danger pour la santé publique, en raison des conditions de transport insalubres et du non-respect des normes d’hygiène, écrit Al Akhbar.
Sur instruction du parquet près le tribunal de première instance de Tanger, le conducteur du véhicule a été placé en garde à vue. Le camion a été saisi et son propriétaire entendu dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte à ce sujet. Le parquet a également ordonné la destruction de la cargaison, conformément aux procédures légales en vigueur. Selon les premières informations, ces produits étaient destinés à alimenter directement les tables de familles tangéroises, les boucheries locales et certains cafés spécialisés, ce qui soulève la question de l’absence de contrôle préventif sur l’origine des viandes distribuées dans la ville. Ces opérations de surveillance, notent plusieurs observateurs, ne se déroulent que ponctuellement, souvent à l’occasion du mois de Ramadan ou des grandes fêtes religieuses.
Cette affaire remet également en cause la responsabilité de la municipalité de Tanger, de la police administrative et de leurs commissions techniques, a-t-on lu. La gestion de l’abattoir municipal et la surveillance du commerce de la viande relèvent pourtant de leurs compétences. Comment expliquer, dès lors, que des établissements de restauration et des boucheries puissent proposer de la viande douteuse sans que la commune n’intervienne, alors même qu’elle est responsable d’un abattoir public coûtant des millions de dirhams chaque année?
Citées par Al Akhbar, des sources locales rappellent en outre que cette affaire fait écho à un précédent scandale, celui de la falsification des cachets de l’abattoir municipal, utilisés pour légaliser frauduleusement des abattages clandestins. À l’époque, la municipalité avait déposé plainte contre les personnes impliquées, mais le dossier n’avait pas suscité l’attention qu’il méritait, malgré la gravité des faits et le risque de banaliser la viande issue d’abattages illégaux dans plusieurs quartiers de la ville.
Ce nouvel épisode relance également le débat sur la pénurie de cadres médicaux au sein de la municipalité de Tanger. La ville ne disposerait actuellement que de trois médecins relevant des services municipaux, un nombre dérisoire face à une population dépassant le million d’habitants et à des besoins sanitaires croissants. Entre le manque de moyens, les défaillances dans la gestion des marchés et la multiplication des cas d’intoxication alimentaire, la situation révèle les limites d’un système de contrôle affaibli, incapable de prévenir efficacement les menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire et la santé des habitants de Tanger.








