À peine franchi le portail du centre d’accueil de Sidi Bouabid, les légers aboiements se mêlent aux bruits ambiants. Sur la droite, une série de cages abrite des chiens: certains, curieux, s’approchent du grillage, d’autres somnolent à l’ombre. De l’autre côté, dans un espace plus calme, des chats observent les visiteurs d’un air méfiant.
C’est ici, au cœur de ce refuge de 1.500 m2, que l’association Amis des animaux de Tanger s’affaire à donner une seconde chance aux bêtes abandonnées. «C’est le seul centre à Tanger qui œuvre dans le domaine du bien-être animal», explique Mounia Abou Selham, vétérinaire et présidente de l’association.
Elle ajoute: «Nous recevons ici les chiens et les chats errants et nous appliquons le programme national lancé par le ministère de l’Intérieur», soit le TNR (Trap, Neuter, Release), c’est-à-dire capturer, stériliser et relâcher.
Le programme, initié par les autorités locales et mené en partenariat avec la Wilaya de Tanger, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et la vétérinaire régionale, vise à trouver une alternative durable à l’euthanasie. Concrètement, les animaux sont recueillis, soignés, vaccinés et stérilisés avant d’être relâchés dans leur environnement d’origine.
«C’est essentiel d’éviter le vide écologique», insiste la vétérinaire. «Si on retire tous les chiens d’un quartier, d’autres viendront forcément s’y installer. En les stérilisant et en les identifiant par un collier vert, on contrôle leur population et on protège aussi les habitants.»
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Les aboiements reprennent au loin. Dans une salle attenante, du matériel chirurgical flambant neuf attend les vétérinaires volontaires. Le centre, encore en phase de rodage, peut accueillir jusqu’à 100 animaux et réaliser jusqu’à 20 opérations de stérilisation par jour. Dix enclos sont dédiés aux chiens, quatre à ceux nécessitant des soins spécifiques et deux grandes salles sont réservées aux chats et chatons, en plus d’un espace d’isolement pour les cas sensibles.
Ce lieu n’est pas né de rien. Ses murs racontent plus d’un siècle d’histoire: à l’origine, l’endroit abritait le PDSA, un dispensaire populaire pour animaux malades fondé en 1917, avant d’être transféré à Sidi Bouabid dans les années 1960.
Aujourd’hui, sous la houlette de l’association, le site renaît avec une mission modernisée: allier compassion et santé publique.
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Et alors que Tanger se prépare à accueillir la CAN 2025, puis la Coupe du monde 2030, l’initiative prend une résonance particulière. «C’est aussi l’image du Maroc qui est en jeu», souligne Mounia Abou Selham.
Avant de quitter les lieux, elle lance un dernier appel: «Quand vous voyez un chien avec un collier vert, ne vous en effrayez pas. C’est un animal stérilisé, vacciné et suivi. Aidez-nous à le laisser vivre paisiblement là où il est.»
Sous le soleil de l’après-midi, les aboiements s’apaisent, remplacés par le doux frottement des chats contre les barreaux. À Tanger, la coexistence entre humains et animaux tente enfin de trouver son équilibre.







