Suicide d’un marchand ambulant à Boufakrane: 13 ans de prison pour les agents d’autorité impliqués

Un gardien à la prison d'El-Arjate près de la capitale Rabat, le 26 mai 2021.

Un gardien à la prison d'El-Arjate près de la capitale Rabat, le 26 mai 2021. . FADEL SENNA / AFP

Revue de presseKiosque360. En avril dernier, un marchand ambulant à Boufekrane a décidé de mettre fin à ses jours suite à des violences subies de la part d'agents d’autorité. Sa “lettre de la hogra”, écrite avant son suicide, avait alors secoué l’opinion publique. Détails dans cette revue de presse du quotidien Assabah.

Le 17/02/2022 à 21h49

La cour d’appel de Meknès vient de rendre son verdict dans une affaire impliquant plusieurs agents d’autorité. En effet, l’adjoint au pacha (le khalifa en arabe) de Boufakrane, un moqaddem et deux membres des forces auxiliaires sont impliqués dans le suicide d’un marchand ambulant dans cette ville située dans la préfecture de Meknès. Une affaire qui avait alors secoué l’opinion publique.

Dans sa livraison du 18 février, le quotidien Assabah relève que la Cour d’appel de Meknès a condamné l’adjoint au pacha et le moqaddem à cinq ans de prison ferme chacun. Les deux agents des forces auxiliaires, eux, ont écopé d’un an et demi de prison ferme chacun. Ce verdict clôt ainsi une affaire qui remonte au mois d’avril dernier.

Pour rappel, le suicide de ce marchand ambulant (A.M) avait entraîné une série de protestations dans la commune relevant de la région Fès-Meknès, notamment après la diffusion de la “lettre de la hogra (injustice, ndlr)” qu’il avait écrite avant de mettre fin à sa vie. Il y accusait les personnes poursuivies dans le cadre de ce procès de l’avoir violenté au sein du siège du pachalik.

En effet, le marchand ambulant s’était rendu au centre de vaccination de Boufakrane afin de demander à l’adjoint au pacha une ambulance afin de transporter sa soeur malade à l’hôpital Mohammed V de Meknès. L’agent d’autorité lui a imposé une fin de non-recevoir d’une manière arrogante, raconte le quotidien.

Face à son instance, le jeune marchand ambulant s’est vu embarquer de force dans la voiture de service du moqqadem, avec l’aide de deux agents des forces auxiliaires. Avant d’être transporté au siège du pachalik, où il sera violenté, comme le raconte la mère du défunt. Il a également été obligé de signer un document administratif où il s’engageait à ne plus commettre les mêmes faits en échange de sa libération.

De retour chez lui, le jeune a décidé d’écrire sa “lettre de la hogra”, dans laquelle il expliquait les raisons de son suicide. Dans cette lettre, il accuse formellement l’adjoint au pacha et les autres agents d’autorité.

Face à la pression exercée par la famille du défunt, de la population locale et de la société civile, le ministère de l’Intérieur a décidé de suspendre l’adjoint au pacha et le moqaddem, tandis que les deux agents d’autorité ont été transférés à Meknès, au siège local de l'appareil de sécurité. Avant que la Cour d'appel de Meknès condamne les quatre agents d'autorité à la prison ferme.

Par Khalil Rachdi
Le 17/02/2022 à 21h49