A la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), la lutte antidrogue a toujours constitué un pan essentiel des activités et les stratégies adoptées n'ont cessé de s’adapter de manière intelligente à l'évolution tant du trafic que de l’usage, pour une meilleure efficience de l’action.
En ordre de bataille contre toute montée en puissance du trafic de psychotropes, la DGSN ne ménage aucun effort, que ce soit à travers le développement des capacités humaines et matérielles ou en accordant une attention particulière à la coopération policière internationale, peut-on lire dans un dossier spécial dédié à ce sujet dans le 45e numéro de la Revue de police.
Une stratégie multidimensionnelleSur la ligne de front, les éléments de la DGSN sont à pied d'œuvre pour contrer toute tentative de trafic de psychotropes. Renforcement et professionnalisation des services de police en charge de la lutte contre ce phénomène, adoption d’outils et de technologies de contrôle et de détection les plus récents pour renforcer l’action au niveau des portes d’entrée du Royaume, renforcement de l’expertise scientifique réalisée par le Laboratoire national de la police scientifique et technique… Plusieurs actions sont menées par la police nationale.
Il s'agit également de la dynamisation du renseignement et l’étroite coopération et la synergie d’actions avec les services de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) via des opérations conjointes. S'y ajoutent le renforcement de la lutte contre le blanchiment de capitaux illicites générés par le trafic de drogues, la promotion et le développement d’une meilleure coordination interministérielle, ainsi qu’une coordination étroite avec les autres services nationaux en charge de la lutte antidrogue.
La DGSN s’appuie par ailleurs sur la coopération avec les agences d’application de la loi au niveau international. Cette coopération se traduit par l’échange d’informations à caractère opérationnel et stratégique, via le canal des officiers de liaison et des organismes internationaux, notamment l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol). Elle se traduit aussi par la création par le Maroc et l’Espagne de Centres de coopération policière, dédiés à l’échange d’informations opérationnelles en relation avec la criminalité transnationale, y compris le trafic de drogues et de psychotropes.
La spécialisation des entités chargée de la lutte contre le trafic de psychotropesOn apprend de ce dossier spécial qu’au niveau central, le service de lutte contre le trafic de drogues, relevant de la Direction de la police judiciaire, assure le suivi des affaires liées au trafic de drogues au niveau national, la coordination nationale et internationale, ainsi que l’analyse des tendances et la réalisation d’études diverses, qui servent de fondements pour l’adaptation des stratégies d’action.
Au niveau déconcentré, cette mission est confiée aux Brigades des stupéfiants relevant des services déconcentrés de la police judiciaire. Quant aux grandes affaires de stupéfiants dont les ramifications s’étendent à d’autres villes du Royaume, elles sont confiées à l’Office national de lutte contre le trafic de drogues relevant de la Brigade nationale de la police judiciaire. D’autres entités opérationnelles viennent appuyer l’action, notamment les Brigades cynotechniques et tout dernièrement les Brigades antigang (BAG).
La lutte antidrogue est également appuyée par des entités techniques. Il s’agit des entités d’analyse du renseignement criminel et d'appui technique aux enquêtes, du service de lutte contre la cybercriminalité et les laboratoires d’exploitation des traces numériques, ainsi que du Laboratoire national de la police scientifique et technique.
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Côté prévention, la DGSN travaille en étroite collaboration avec d’autres départements institutionnels, tels que le ministère de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, à travers, par exemple, l’organisation de campagnes de sensibilisation en milieu scolaire, l’implication de la société civile dans les campagnes de sensibilisation du public, ainsi que la mise en place de brigades ad hoc ayant pour objectif de lutter contre toutes les formes de délinquance aux alentours des établissements scolaires, notamment le trafic de drogues et de psychotropes.
Des opérations conjointes DGSN-DGSTGrâce aux opérations conjointes menées par la DGSN et la DGST, les services de police ont multiplié les saisies de psychotropes.
Quelque 6.915.055 comprimés ont été ainsi saisis entre 2016 et 2021, soit une hausse de 495% par rapport à la période allant de 2010 à 2015, lorsque 1.161.440 unités ont été saisies.
Plus de 8 millions d'unités saisies entre 2010 et 2021Selon le dernier numéro de la Revue de police, durant la période 2010-2021, les services de police ont traité, en tout, 46.757 affaires ayant mené à l’arrestation de 54.954 personnes et à la saisie de 8.076.495 unités de ces substances psychotropes, dont 490.000 comprimés analgésiques opioïdes de type Tafradol et 3.330.337 cachets d'Ecstasy. Une nouvelle substance vient s'ajouter à la liste des psychotropes saisis par les services de police, le Captagon, avec une saisie de plus de deux millions de comprimés le 4 novembre 2022 au port maritime de Tanger-Med.
De plus en plus de saisies dans le NordL’analyse tendancielle géographique des saisies opérées par les services de police montre que durant la période 2010-2015, les grosses saisies étaient davantage concentrées au niveau de l’axe Rabat-Casablanca. Cette tendance a basculé durant la période 2016-2021, avec une hausse des saisies au nord du Royaume, avec Tanger en tête de liste, enregistrant un total de 2.878.520 comprimés contre 48.877 durant la période 2010-2015. En deuxième plan, la ville d’Oujda a enregistré 1.314.333 comprimés saisis, contre 88.750 entre 2010 et 2015.