La décision du ministère de l’Agriculture de suspendre les aides financières destinées à l’acquisition de semences et de plants pour certaines cultures, notamment la tomate ronde, l’oignon et la pomme de terre, suscite la colère des producteurs.
Dans une lettre officielle adressée au ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, l’Association des producteurs agricoles de la province de Chtouka Aït Baha a exprimé son profond mécontentement face à cette mesure jugée précipitée et lourde de conséquences, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du mardi 1er juillet.
Selon cette association, la décision ministérielle datée du 7 mai 2025, qui s’appuie sur un arrêté conjoint émis en juillet 2023, prévoit de mettre fin, à compter du 30 avril 2025, à l’accueil des demandes d’appui pour ces cultures.
Un revirement qui, selon les agriculteurs, «menace sérieusement l’équilibre d’un écosystème agricole déjà fragile».
Dans la région de Chtouka Aït Baha, véritable bastion de la production maraîchère du Royaume, la culture de la tomate joue un rôle central dans l’économie locale.
Or, les coûts de production ne cessent d’augmenter, écrit-on.
Selon l’association, il faut désormais plus de 700.000 dirhams pour cultiver un hectare de tomates sous serre, une somme difficilement supportable sans aide publique.
Face à cette envolée des charges, de nombreux agriculteurs ont déjà été contraints d’abandonner la culture de la tomate ou de se tourner vers des alternatives moins coûteuses, entraînant une réduction des superficies cultivées et, mécaniquement, une hausse des prix sur le marché.
Jusqu’à présent, le soutien du ministère, chiffré à 70.000 dirhams par hectare en culture sous serre, avait permis de relancer une filière en crise.
Cette aide avait encouragé les producteurs à revenir vers la tomate, à augmenter les superficies et à stabiliser, dans une certaine mesure, les prix à la consommation.
«Grâce à ce soutien, la filière avait retrouvé une certaine dynamique», insiste un membre de l’association cité par Al Ahdath Al Maghribia.
Mais, derrière ce frémissement, se cache une réalité plus complexe: le secteur reste confronté à des défis structurels majeurs, notamment la propagation de maladies phytosanitaires comme le virus «ToLCV» ou «tuta absoluta», la restriction de l’usage de certains pesticides, et une productivité limitée qui plafonne à 120 tonnes par hectare, même dans les meilleures conditions.
Pour maintenir leur rentabilité, les producteurs sont obligés de pratiquer deux cycles de production par an, ce qui accentue encore la pression sur les ressources, les sols et la gestion des intrants, a-t-on encore écrit.
L’arrêt du soutien financier risque, selon l’association, de provoquer une nouvelle rechute du secteur en entraînant repli des surfaces cultivées, flambée des prix, désengagement des investisseurs et perte de confiance dans la politique agricole.








