Sexe contre bonnes notes à l’ENCG d’Oujda: l’Association démocratique des femmes du Maroc interpelle le gouvernement

L'Ecole nationale de commerce et de gestion d'Oujda. 

L'Ecole nationale de commerce et de gestion d'Oujda.  . DR

Suite au scandale sexuel ayant remué l’ENCG d’Oujda, l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), a publié hier dans la soirée du mercredi 29 décembre 2021, un communiqué par lequel elle condamne fermement le harcèlement sexuel, pratique abusive, perpétrée dans les milieux universitaires, et dans le Parlement.

Le 30/12/2021 à 19h41

Alors que l’Ecole nationale de commerce et de gestion d’Oujda (ENCGO) est au cœur d’un scandale de sextorsion, l’Association démocratique des femmes du Maroc a réagi hier dans la soirée du mercredi 29 décembre, en diffusant un communiqué, par lequel elle dénonce l’acte criminel qu’est le harcèlement sexuel, que ce soit dans l’enceinte du Parlement ou au sein des établissements universitaires.

Dans le cadre de cette affaire tumultueuse qui a inondé les réseaux sociaux, l’ADFM, qui soutient l’ensemble des étudiantes victimes, demande aux responsables d’ouvrir des enquêtes rigoureuses qui puissent révéler les tenants et les aboutissants de ces histoires de plus en plus souvent révélées au grand jour, et d’incriminer les auteurs de ces actes.

Ainsi, pour dénoncer ces pratiques immorales et en signe de solidarité avec les victimes, l’ADFM interpelle le gouvernement pour prendre d’urgence toutes les mesures requises pour lutter globalement et efficacement contre les violences faites à l’encontre des femmes.

Pour ce faire, l’association demande une refonte de la législation pénale en matière de lutte contre les discriminations et les violences contre les femmes, et l’intégration de sanctions exemplaires pour leurs auteurs, ceci en supprimant tout obstacle que pourraient rencontrer les victimes. L’objectif: mettre fin à l’impunité et à la banalisation de ces actes qui portent atteinte à la dignité de la femme.

L’association revendique également, selon les engagements internationaux du Maroc, une harmonisation de la loi 103-13, entrée en vigueur en septembre 2018 et relative à la lutte contre la violence envers les femmes dans l’espace public et au travail, afin de prévenir, protéger et prendre en charges toutes les femmes violentées ainsi que leurs enfants, et de rigoureusement pénaliser les harceleurs. Lors de sa première année d’application, l’ADFM avait jugé cette loi «en dessous des normes internationales».

Par ailleurs, l’organisme militant sollicite la ratification de la convention n° 190 de l'Organisation internationale du travail (OIT), relative à l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail.

Et de souligner l’importance de mettre en place l’autorité pour la parité et la lutte contre la discrimination de toute sorte, en la dotant des composantes et capacités nécessaires pour assurer l’orientation, le suivi et l’évaluation du cadre juridique et des politiques publiques relatives à la promotion et à la protection des droits des femmes, conformément aux exigences constitutionnelles et aux principes de Paris.

D’autant plus que l’ADFM juge nécessaire l’établissement d’une politique de lutte contre le harcèlement sexuel et de dispositifs de prévention, d’orientation et d’accompagnement des victimes.

D’ailleurs, l’université Mohammed Premier d’Oujda, dont relève l’ENCG d’Oujda au cœur de cette affaire de chantage sexuel, a lancé un numéro vert (08.00.00.87.11), et a mis un courriel (sos.etudiantes@ump.ac.ma) à la disposition de toutes les apprenantes en vue de recevoir les doléances relatives à ces «comportements aberrants».

Et enfin, l’association réclame l’élaboration d’une stratégie d’information et de sensibilisation adaptée aux intervenants et usagers des différents secteurs pour lutter contre les fléaux du harcèlement et des violences sexistes.

Pour rappel, l’affaire a éclaté au grand jour après la diffusion sur Twitter, à grande échelle, dans la soirée du lundi 27 décembre 2021, de discussions sexuelles entre un professeur et une de ses étudiantes, où ce dernier lui fait des avances indécentes.

Des messages qui ont été fortement repartagés sur la toile, provoquant un vif émoi chez la communauté des internautes, des députés, tels que Najwa Koukouss, mais également chez les organismes militant pour les droits des femmes, notamment la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF).

Avant l’ENCG Oujda, une affaire de «sexe contre bonnes notes» dans laquelle ont été impliqués plusieurs universitaires a secoué l’Université de Settat et a mis à nu ce genre d'agissements dans les milieux universitaires. La justice a été saisie.

Par Yousra Adli
Le 30/12/2021 à 19h41