Serge Berdugo: «l'exception marocaine n'est pas une donnée conjoncturelle, c'est une réalité historique fondamentale»

Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, prononce une allocution au cours du neuvième Forum de l’Alliance des civilisations, à Fès, le 23 novembre 2022.

Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, prononce une allocution au cours du neuvième Forum de l’Alliance des civilisations, à Fès, le 23 novembre 2022. . Khadija Sabbar / Le360

Le 23/11/2022 à 17h27

VidéoDans son intervention à Fès, au cours du neuvième Forum de l’Alliance des civilisations, ce mercredi 23 novembre 2022, le secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, Serge Berdugo, a rappelé l’histoire des juifs du Maroc et les liens profonds qu’entretient la diaspora juive avec son pays d’origine.

C’est un fait: au Maroc, juifs et musulmans vivent en harmonie. Le Royaume œuvre à promouvoir la diversité comme rempart contre l'extrémisme et comme pilier de son riche patrimoine culturel. Sa Constitution reconnaît l'identité juive marocaine, et institue l’héritage hébraïque comme faisant partie intégrante de son histoire. Pour Serge Berdugo, «l'exception marocaine n'est pas une donnée conjoncturelle, c'est une réalité historique fondamentale».

Intervenant ce mercredi 23 novembre 2022 au 9e Forum de l’Alliance des civilisations, Serge Berdugo a tenu à insister sur l’importance capitale que revêt Fès, cité de tolérance et de «convivance», qui abrite cette grand-messe mondiale.

«Bienvenue à tous dans la capitale spirituelle du Royaume du Maroc: la cité de la tolérance et de la "convivance", la cité qui a donné asile aux Juifs et aux Andalous en 1492 et qui a reçu en son sein Maïmonide. J'ai le privilège de m'adresser à vous en tant que président de la communauté juive, et je voudrais essayer de vous donner une image des réalités de notre communauté aujourd'hui, dans le Royaume, tout en évoquant le rôle essentiel des Rois du Maroc en tant que chefs religieux», a-t-il déclaré à l'auditoire présent.

«Ma description pourrait vous sembler très optimiste, mais je crois qu'elle est encore meilleure depuis la rétablissement des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc. Une réalité qui facilite les visites et qui permet à notre ministre du Tourisme de prévoir un flux de 200.000 touristes l'année prochaine. Cette situation mérite un très court aperçu de la longue histoire des Juifs du Maroc», a expliqué celui qui a par ailleurs été ministre du Tourisme du gouvernement marocain, de novembre 1993 à janvier 1995.

«Comme vous le savez, la communauté juive du Maroc a toujours été la plus nombreuse, avec 300.000 personnes dans le monde arabo-musulman et aujourd'hui, elle est de 3.000 personnes. Le judaïsme marocain a connu un très large mouvement migratoire. Mais contrairement aux autres pays arabes, le Maroc n'a pas rejeté ses juifs et ces juifs ne l'ont pas renié», a ensuite expliqué Serge Berdugo.

«Nous savons que notre vie n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. Mais nous savons aussi que le sort des juifs au Maroc a toujours été meilleur que celui des juifs qui ont vécu dans d'autres pays, en particulier en Europe. Aujourd'hui, nous pouvons dire clairement et fermement que les juifs du Maroc sont des citoyens à part entière, jouissant des mêmes droits, des mêmes devoirs et disposant d'une totale liberté religieuse», a ajouté le secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc. 

Serge Berdugo a aussi tenu à rappeler que dans le Royaume, la communauté juive est organisée par des textes législatifs: «au Maroc, les rabbins sont fonctionnaires de l'Etat et disent la loi de Moïse au nom du Roi dans les cours rabbiniques. Le patrimoine juif culturel immatériel est sauvegardé et préservé comme une partie intégrante du patrimoine national. Le Roi, descendant du prophète et Commandeur de tous les croyants des trois religions monothéistes, exerce la plus haute autorité religieuse, et, à ce titre, a la responsabilité de garantir la protection et la liberté du culte des juifs», a-t-il expliqué.

«L'exception marocaine n'est pas une donnée conjoncturelle: c'est une réalité historique fondamentale pour un Royaume qui plonge ses racines profondes dans l'histoire. Pour conclure, je voudrais souligner simplement le rôle crucial d'une haute autorité religieuse pour la promotion du vivre-ensemble, la reconnaissance et le respect des fidèles de la confession des minorités sur son territoire», a enfin signalé Serge Berdugo.

Par Hajar Kharroubi et Khadija Sebbar
Le 23/11/2022 à 17h27