À Fès, Antonio Guterres plaide pour un dialogue interculturel et interreligieux favorisant la tolérance

De gauche à droite: Miguel Angel Moratinos, haut représentant pour l'Alliance des civilisations des Nations unies, Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU, et Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères. 

De gauche à droite: Miguel Angel Moratinos, haut représentant pour l'Alliance des civilisations des Nations unies, Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU, et Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères.  . Khadija Sabbar / Le360

Le 22/11/2022 à 14h26

VidéoPar son histoire riche et séculaire, Fès est le lieu idéal pour se retrouver et engager une réflexion sur l’état de notre monde. C’est par ces mots que le Secrétaire général de l'ONU a décrit la capitale spirituelle du Maroc, ce mardi 22 novembre 2022, à l’occasion du coup d’envoi du Forum mondial de l'Alliance des civilisations des Nations unies.

S’exprimant lors d’une conférence de presse, tenue ce mardi 22 novembre, à l’occasion du coup d’envoi du Forum mondial de l'Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC), le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a tenu à exprimer sa profonde gratitude au Royaume du Maroc pour son accueil ainsi que pour son soutien sans faille au travail de l'Alliance des civilisations. «Je tiens à remercier particulièrement Sa Majesté Mohammed VI pour son engagement personnel et permanent en faveur du dialogue interreligieux, de la tolérance et de la diversité en tant que richesse de notre société et de notre monde», a-t-il indiqué.

«Je suis heureux d'être à Fès. C'est d'ailleurs ma troisième visite à la Médina que j'ai faite hier. Cette ville magnifique à l'histoire riche, représente un modèle de coexistence pacifique entre les religions d'Ibn Khaldoun, père fondateur de la sociologie, à Gerbert d'Aurillac, qui a introduit les chiffres arabes en Europe, y compris le zéro. Nous ne connaissions pas le zéro en Europe avant cette introduction. Ou encore Maïmonide, le rabbin qui avait été le médecin personnel de Saladin. Nombreux sont ceux qui ont été attirés par l'idée de rencontre et de brassage des cultures», a-t-il ajouté.

Dans un monde troublé, l’Alliance des civilisations peut contribuer à apaiser les tensions«L'Alliance des civilisations a été créée afin de favoriser une plus grande compréhension entre les peuples et les Nations. Elle incarne les valeurs fondamentales de la Charte des Nations Unies, notamment pratiquer la tolérance et vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit de bon voisinage. Le thème de ce forum “Vers une alliance de paix: vivre ensemble comme une seule humanité” est d'autant plus significatif aujourd'hui», a rappelé le secrétaire général des Nations unies.

«Les forces de la discorde et de la haine trouvent un terrain fertile dans un paysage marqué par les injustices et les conflits. Des divisions croissantes menacent la paix et la sécurité mondiale, provoquent de nouvelles confrontations et rendent d'autant plus difficile la résolution de conflits anciens. Les inégalités et les injustices se creusent», a ajouté le numéro un de l’ONU.

«De nombreux pays du Sud étaient déjà durement touchés par la pandémie du Covid-19 et la crise climatique. Aujourd'hui, ils doivent faire face aux répercussions de la guerre en Ukraine, à la flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, à une inflation galopante et au poids écrasant de la dette», a continué Antonio Guterres.

«Pendant ce temps, nous nous rapprochons dangereusement d'un précipice climatique, et les discours de haine, la désinformation et les abus prolifèrent, ciblant en particulier les femmes et les communautés vulnérables. L'intolérance et l'irrationalité sont monnaie courante, aujourd'hui. Dans ce contexte, les vieux démons, l'antisémitisme, le sectarisme anti-musulman, la persécution de chrétiens, la xénophobie et le racisme se réveillent à nouveau dans le monde. Ces afflictions haineuses et nuisibles s'alimentent mutuellement. Elles suscitent des divisions et entravent toute action collective», a-t-il renchéri.

La coopération est la seule voie possible pour faire progresser la paix«Dans ce monde troublé, nous devons apaiser les tensions, favoriser l'inclusion et la cohésion sociale et faire émerger des sociétés plus unies et plus résilientes. La coopération est la seule voie possible pour faire progresser la paix, le développement durable et les droits humains. Le dialogue interculturel et interreligieux favorise le respect mutuel, la tolérance et l'unité au sein des communautés comme entre elles et contribuent ainsi à rejeter l'extrémisme violent, les idéologies radicales et les discours de haine», a développé le secrétaire général de l’ONU.

«Aujourd'hui, l'Alliance constitue une plateforme mondiale unique où chacun, gouvernements, chefs religieux, universitaires, médecins, entreprises, peut apporter sa pierre à l'édifice commun. (...) En cette période difficile, inspirons-nous de ces mots de sagesse et restons unis en tant que famille humaine, une famille riche de sa diversité, égale en dignité et en droits, unie dans la solidarité», a-t-il conclu.

Il convient de rappeler que c'est la première fois que le Forum mondial de l'Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC) se réunit sur le continent africain.

Le Forum, dont le thème est «Vers une alliance de paix: vivre ensemble comme une seule humanité», réunira plus de 50 ministres et chefs d'organisations internationales, des dirigeants politiques, des chefs religieux, des jeunes, des représentants du secteur privé et de la société civile, pour un échange d'idées sur un large éventail de problèmes mondiaux auxquels notre monde est confronté aujourd'hui.

Par Hajar Kharroubi et Khadija Sebbar
Le 22/11/2022 à 14h26