C’est malheureusement devenu une scène qui ne choque plus personne à chaque fois que Aïd Al-Adha est à nos portes. Dans plusieurs administrations, cette fête est devenue l’excuse qui autorise un arrêt de travail presque justifié pendant plusieurs jours, laissant ainsi les citoyens qui ont besoin d’accomplir des démarches administratives face à eux-mêmes.
«Reviens après l’Aïd», cette phrase, qui se répète dans les administrations depuis une semaine, fait réagir Assabah qui, ce mercredi 28 juin, consacre un reportage à la situation dans certaines administrations publiques qui se doivent pourtant d’être au service des citoyens.
D’emblée, la publication constate que l’activité est à son plus bas dans ces établissements une semaine même avant la date de Aïd Al-Adha. Qu’il s’agisse d’administrations gouvernementales ou communales, ou encore d’établissements hospitaliers, le «reviens après l’Aïd» est la ritournelle adoptée par les fonctionnaires, les techniciens, les auxiliaires, les infirmiers… Et même par les agents de sécurité privés placés dans ces administrations.
Comme le décrit le journal, cette ritournelle est prononcée à la face des citoyens sur un ton parfois menaçant, laissant entendre qu’aucune insistance n’est possible pour accomplir ses démarches, au risque d’être accusé d’insultes envers un fonctionnaire en service.
C’est dire l’image désolante décrite par Assabah de la situation actuelle qui prévaut dans des établissements dont la mission est d’être au service des citoyens. Un cas relaté par ce même quotidien a de quoi laisser bouche bée. Un homme âgé qui se voit refouler à la porte d’un établissement où il espérait récupérer un dossier administratif avec ce fameux «reviens après l’Aïd», est même relancé par un fonctionnaire sur un ton pour le moins agressif.
N’ayant plus d’autre choix, il se met alors à supplier le fonctionnaire en question tel un mendiant dans la rue, alors que son seul mal a été de prendre une longue route pour venir accomplir ses démarches à quelques jours de l’Aïd. Bien entendu, rien n’y fait, et le fonctionnaire en question quitte tranquillement son bureau laissant le vieil homme planté là.
Une autre scène tout aussi désolante est décrite par Assabah, et elle se passe cette fois-ci dans le centre de santé d’un quartier populaire. Un jeune homme, qui poussait le fauteuil roulant de son père âgé, perd ses nerfs, et commence à crier haut et fort que «c’est la deuxième fois qu’on nous chasse et qu’on nous revoit à après l’Aïd».
Dans ce centre, comme dans plusieurs autres services publics, il semble que tout puisse être reporté à après l’Aïd, qu’il s’agisse de soins médicaux ou de démarches administratives. La raison: c’est que les fonctionnaires et les employés de ses services doivent se libérer pour acheter leur mouton. Un achat à cause duquel plusieurs jours sans travailler semblent nécessaires!