Basé sur une étude menée dans 8 pays de la région Moyen-Orient Afrique du Nord (Irak, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Tunisie et Yémen), le nouveau rapport de l’ONU Femmes sur la violence et le harcèlement en ligne démontre, chiffres édifiants à l'appui, que la proportion des femmes, vivant dans la région MENA, victimes de ce phénomène de plus en répandu sur l’espace numérique est importante.
Dans ce rapport onusien, 11.500 participations d’hommes et de femmes résidant dans la région MENA, avec un échantillon de 1.000 participants (500 femmes et 500 hommes) pour chacun des 8 pays, ont été recensées pour réaliser cette étude du 26 juillet au 2 septembre 2021, financée par le gouvernement japonais.
Lire aussi : Enquête HCP: dans la région du nord 9 femmes sur 10 ont subi des violences
Au Maroc, 58.1% des femmes participantes déclarent avoir déjà été victimes de violence et harcèlement en ligne, tandis qu’en Irak leur proportion est de 70.4%, en Jordanie de 60.4%, au Liban de 35.2%, en Libye de 60.3%, en Palestine de 54.2%, en Tunisie de 46.7%, et au Yémen, leur proportion s’élève à 62%.
En effet, une femme sur trois a déclaré que la violence en ligne subie ne s’est pas limitée sur l’espace numérique, tandis que la pratique la plus courante de harcèlement et violence en ligne consiste en la réception d’images à caractère sexuel.
Les conclusions du rapport démontrent que «l’espace en ligne n’est pas sécurisé pour les femmes dans les Etats arabes», car plus d’une femme sur cinq ayant déjà subi des violences dans la région, s’est vue obligée de supprimer ou désactiver ses comptes des réseaux sociaux.
Une femme sur trois a déclaré que la forme de violence en ligne dépasse ce cadre, allant même à l’atteindre dans sa vie quotidienne en dehors de l’espace numérique. 33% de ces utilisatrices d’Internet ont admis avoir subi des formes de violence en ligne et hors-ligne, et 51% ont avancé avoir été victimes de violences en ligne de la part de personnes qu’elles connaissaient en ligne expliquant que l’incident s’est ensuite déplacé vers le off-line.
Lire aussi : Violences contre les femmes: 41.435 cas recensés entre janvier 2019 et juin 2021
D’ailleurs, le rapport démontre que 43% des participantes affirment avoir reçu des «images ou des symboles à contenu sexuel», 38% d’entre elles ont reçu «des appels téléphoniques ennuyeux, des communications inappropriées ou importunes», 35% ont réceptionné «des messages insultants et/ou haineux», et 22% de ces femmes victimes de violence en ligne ont déjà subi «un chantage sexuel direct».
Résultat, 49% des femmes interrogées, ont déclaré ne pas sentir en sécurité, ni à l’abri du harcèlement en ligne. En outre, elles ont été nombreuses à ne pas se sentir soutenues lors de ces incidents, puisque 12% des femmes ayant subi une forme de violence en ligne ont expliqué avoir été victimes de violence domestique après avoir signalé l’incident aux membres de leur famille.
D’autant plus que l’étude souligne que lorsque ces femmes ont été la cible de ces formes de violence en ligne, 36% d’entre elles ont été invitées à l’ignorer, 23% ont été blâmées pour l’incident et 21% ont été invitées à supprimer ou désactiver leurs réseaux sociaux.
En outre, 43% des femmes ont déclaré avoir été victimes de violence en ligne sur Facebook, 16% l’ont été sur Instagram et 11% sur WhatsApp.
De plus, l’étude démontre que plus d’un homme sur trois âgé de 18 à 24 ans interrogé dans la région a admis avoir commis une forme de violence en ligne contre les femmes.
Lire aussi : Vidéos. Des milliers de manifestants à travers le monde contre les violences faites aux femmes
En effet, parmi les hommes interrogés ayant avoué avoir commis des actes de violences contre les femmes en ligne, 24% d’entre eux ont justifié leurs actes «parce que c’est leur droit», et 23% ont expliqué cela comme étant «amusant».
En somme, le rapport d’ONU Femmes indique que la «violence en ligne représente une menace sérieuse pour la sécurité physique et le bien-être mental des femmes », et souligne que des «efforts considérables» déployés pour résoudre le problème dans la région, en citant l’exemple du Maroc, de la Tunisie, du Liban, de l’Arabie saoudite, de l’Egypte, qui «ont adapté leur code pénal et leur législation sur le harcèlement sexuel et la violence domestique pour interdire la violence en ligne contre les femmes».