Que sait-on des vertus thérapeutiques du cannabis? La réponse de deux experts

Dans la plantation de la coopérative agricole Adbib, à Kétama, près d'Al Hoceïma, qui a obtenu l’autorisation de culture de la «Beldia», une variété de cannabis purement marocaine. (Khadija Sabbar/Le360)

Le 25/05/2024 à 13h46

VidéoAnti-inflammatoire, analgésique, anxiolytique… Nombreuses sont les vertus thérapeutiques attribuées au cannabis médical. D’autant plus qu’il s’agit d’un potentiel qui continue encore d’être exploré à travers diverses études cliniques.

C’est une plante aux multiples facettes qui fascine, intrigue et parfois… déroute. Elle contient plus de 100 composés chimiques appelés «cannabinoïdes». Le CBD (cannabidiol) et le THC (tétrahydrocannabinol) en sont les plus célèbres. «Bien que les deux partagent des similarités chimiques, leurs effets thérapeutiques ne sont pas les mêmes», explique Jaâfar Haikal, médecin et chercheur.

Selon Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP), «le cannabis médical émerge comme un nouvel espoir dans le domaine de la santé, offrant un large éventail de vertus thérapeutiques et apportant une nouvelle dimension à la prise en charge des patients, puisqu’il offre des solutions alternatives et complémentaires aux traitements conventionnels».

«De la gestion de la douleur chronique à l’amélioration des symptômes de troubles neurologiques, en passant par l’atténuation des troubles mentaux, le cannabis médical dévoile ses multiples bienfaits pour la santé, et se révèle être un allié précieux dans le traitement de diverses affections», détaille-t-il.

Concrètement, le CBD se distingue par son action bénéfique sur le système immunitaire, le métabolisme, et sa capacité à intervenir dans les traitements de maladies telles que le diabète, l’obésité et divers troubles cardiovasculaires. Ses propriétés anti-inflammatoires en font un candidat prometteur pour le traitement de diverses infections, y compris l’arthrite. Et contrairement au THC, il ne provoque pas de dépendance, ce qui le rend particulièrement intéressant pour un usage médical prolongé, signale Jaâfar Haikal.

En revanche, le THC a un impact neurologique important et peut être utilisé dans le traitement de plusieurs maladies telles que l’épilepsie, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques et Alzheimer. Cependant, son usage doit être strictement contrôlé en raison de son potentiel addictif.

Le THC est également utilisé pour ses propriétés analgésiques, aidant à soulager les douleurs chroniques associées au cancer et à ses traitements. Les patients rapportent souvent une réduction de la douleur lorsqu’ils utilisent des produits contenant ce cannabinoïde. De plus, la perte d’appétit et la cachexie (perte de poids sévère) sont courantes chez les patients atteints de cancer. Cette composante du cannabis stimule l’appétit, aidant les patients à maintenir leur poids et leur force.

C’est pourquoi l’Agence nationale de réglementation de l’utilisation du cannabis (ANRAC) a imposé des normes strictes concernant les niveaux de concentration du THC dans les produits commercialisés, fait observer notre interlocuteur. «Pour les médicaments, la concentration de THC doit être inférieure à 1%, tandis que pour les compléments alimentaires, elle ne doit pas dépasser 0,3%», note Jaâfar Haikal.

Un aspect crucial évoqué par ce médecin est la pharmacovigilance, c’est-à-dire le suivi rigoureux de la composition des produits contenant du CBD et du THC. «Ils doivent être fabriqués selon des normes strictes, avec des autorisations spécifiques. Les lieux de vente et les distributeurs doivent se conformer à ces régulations, sous peine de voir leur autorisation retirée», poursuit-il.

Voulant rassurer le public sur la commercialisation de ces produits, Jaâfar Haikal souligne qu’ils ne seront pas en vente libre. «Le cadre de vente et de distribution sera réglementé, codifié et cadré pour assurer un usage sécurisé», affirme-t-il.

Par Hajar Kharroubi et Khadija Sabbar
Le 25/05/2024 à 13h46