Le procès tentaculaire de l’affaire «Escobar du Sahara» ne cesse de faire monter la tension dans les couloirs de la cour d’appel de Casablanca. Lors de la troisième audience tenue ce jeudi 26 juin 2025, deux événements marquants ont retenu l’attention: l’effondrement en larmes de l’accusé Abdenbi Bioui, et la convocation par la cour de la célèbre chanteuse marocaine Latifa Raafat, citée comme témoin dans ce dossier hors norme.
Larmes et déni d’Abdenbi Bioui
Dans la salle 8 de la cour d’appel, un moment de forte émotion a saisi l’assistance lorsque l’ancien président du conseil de la région de l’Oriental, Abdenbi Bioui, s’est écroulé en pleurs en clamant son innocence. Face aux accusations portées contre lui par Haj Ahmed Ben Brahim, alias «le Malien» -considéré comme le cerveau du réseau de trafic-, Abdenbi Bioui a nié en bloc toute implication dans les faits qui lui sont reprochés.
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«Je n’ai rien à voir avec ce mensonge», a-t-il lancé d’une voix brisée. «Je suis en prison à cause de fausses déclarations du Malien, ses propos sont contradictoires et inventés». Visiblement accablé, il a évoqué la douleur ressentie par ses proches: «Ma mère et mes enfants me demandent si j’ai dépensé de l’argent sale sur eux. Comment répondre à cela?»
Il est poursuivi, aux côtés de figures politiques et économiques comme Saïd Naciri, ex-président du Wydad de Casablanca et ancien président du conseil préfectoral de la métropole, pour des accusations de constitution de bande criminelle, trafic international de stupéfiants, corruption, blanchiment d’argent, usage de faux et atteinte aux libertés individuelles.
La chanteuse Latifa Raafat appelée à témoigner
Autre développement de taille: la décision du tribunal de convoquer une série de témoins figurant dans les procès-verbaux de l’enquête, dont Latifa Raafat. La chanteuse, connue du grand public, a été l’épouse de Haj Ahmed Ben Brahim, dit aussi «Escobar du Sahara».
Ce dernier accuse Bioui et Naciri de s’être approprié plusieurs de ses biens immobiliers et d’avoir utilisé ces actifs dans des opérations de blanchiment d’argent issu du trafic de drogue.
L’audition de Latifa Raafat pourrait jouer un rôle déterminant dans la suite du procès, soit en confortant les accusations, soit en introduisant des éléments à décharge pour les principaux prévenus.
Un réseau criminel aux ramifications multiples
L’affaire «Escobar du Sahara» a éclaté en décembre 2023, à la suite d’une vaste opération de la Brigade nationale de la police judiciaire. 25 personnes avaient alors été déférées devant la justice, dont 21 placées en détention provisoire à la prison d’Oukacha à Casablanca.
Les investigations ont révélé l’existence d’un réseau sophistiqué de trafic de drogue vers l’Europe via les routes sahariennes, reposant sur des sociétés écrans, des complicités administratives et des opérations de blanchiment de grande ampleur.
Le procès se poursuit sous haute surveillance médiatique et judiciaire. La prochaine audience promet d’apporter de nouveaux éclairages, notamment avec l’audition attendue de Latifa Raafat.






