Lorsqu’elle intègre, en l’an 2000, la formation de conducteurs au sein de l’Office national des chemins de fer (ONCF), Zineb El Khattabi ne se doutait pas qu’elle était en train de marquer l’histoire de l’opérateur ferroviaire: deux décennies plus tard, elle devenait la première conductrice de train à grande vitesse (TGV) au Maroc. Un statut de pionnière, dans un univers jusqu’alors exclusivement masculin, qu’elle a conquis de haute lutte, sachant saisir les opportunités et faire montre d’une détermination sans faille.
Tout commence au début du millénaire, lorsque l’ONCF vient piocher parmi les élèves du Lycée militaire royal de Kénitra des candidats pour intégrer la formation de conducteurs de train. Séduite par cette option, Zineb tente sa chance et passe avec succès les tests médicaux et psychotechniques, avant d’entamer sa formation.
«J’ai commencé par conduire les trains navettes rapides après deux ans de formation», raconte-t-elle. «En 2023, après une formation de 3 mois intensifs j’ai été sélectionnée pour conduire Al Boraq, ce qui représentait une grande étape pour moi», ajoute-t-elle.
Le passage à la grande vitesse ne s’est pas fait sans appréhension. «Au début, j’avais des craintes, non seulement liées au train lui-même, mais aussi aux changements que cela impliquait dans ma vie personnelle, confie Zineb. Mais j’étais motivée par l’idée d’être la première femme à relever ce défi».
Lire aussi : Portrait. Un parcours exceptionnel: Hanae Zerouali, première femme à avoir pris les commandes d'un avion militaire
Ce parcours n’aurait pas été possible sans l’aide de sa famille, qui l’a soutenue dès le début, et de ses collègues, qui l’ont accueillie comme l’une des leurs. «Le travail dans un tel domaine exige un esprit d’équipe, et c’est ce que j’ai trouvé chez mes collègues, qui m’ont encouragée dès mes premiers pas et m’ont offert leur aide et leur longue expérience», admet-elle reconnaissante.
Les passagers, d’abord interloqués à l’idée de voir une femme aux commandes d’un train filant à 320 km/h, se montrent désormais admiratifs. «Ils sont souvent surpris, puis ravis de voir qu’une femme peut mener un TGV aussi bien qu’un homme», assure-t-elle.
Lire aussi : TGV, infrastructures, nouvelles lignes... Mohamed Abdeljalil expose le Plan ferroviaire 2040
Pourtant, Zineb ne s’était jamais imaginée aux commandes d’un train lorsqu’elle était plus jeune. «Quand j’étais au lycée, nous avions vu une affiche montrant Saïda Abad, première femme marocaine conductrice de train, raconte-t-elle. Cela nous avait marquées, mais jamais je n’aurais pensé que ce serait également mon destin».
Aujourd’hui, Zineb El Khattabi, mariée et mère de 3 enfants, mesure le chemin parcouru et se réjouit d’ouvrir la voie à d’autres femmes. «Ce métier est passionnant et j’espère voir d’autres femmes rejoindre notre domaine», conclut-elle avec fierté.








