Pommes d’Imouzzer: une récolte prometteuse face au défi de la spéculation

La première récolte des pommes d'Imouzzer Kandar empilée dans des bacs. (Y.Jaoual/Le360)

Le 29/09/2025 à 11h32

VidéoAvec l’arrivée de l’automne, les vergers d’Imouzzer Kandar, nichés au cœur de la région Fès-Meknès, s’animent d’une effervescence particulière. Les collines verdoyantes et les arbres chargés de fruits rouges et dorés se transforment en une vaste scène de récolte, où hommes, femmes et jeunes s’activent à cueillir, trier et empiler les pommes dans de grands bacs. Reportage.

Sous un doux soleil de septembre, les allées des vergers s’étendent à perte de vue. Des échelles s’appuient contre les troncs, des paniers débordent de fruits étincelants et les conversations des agriculteurs se mêlent au bruissement des feuilles. C’est dans cette atmosphère vibrante qu’a débuté, à Dayat Aoua, le lancement officiel de la cueillette.

«Nous venons à peine de commencer la récolte», explique Ali Essarari, producteur spécialisé dans la pomme. «La région est connue pour ses variétés comme la Golden Delicious, la Kala ou encore la Rome Beauty. Cette année, la qualité est au rendez-vous, surtout dans cette zone de Dayat Aoua qui donne toujours de très belles pommes. Nous récoltons aujourd’hui, mais la commercialisation n’interviendra qu’après stockage en chambre froide, jusqu’en décembre ou même au printemps. Ainsi, les fruits gardent toute leur fraîcheur et leur éclat.»

Dans les vergers, le contraste est saisissant: les femmes accroupies ramassent délicatement les fruits tombés au sol, les jeunes hissent les caisses pleines sur des charrettes, tandis que les hommes supervisent les rangées déjà dénudées. Des montagnes de pommes dorées et rouges s’empilent, prêtes à être transportées vers les unités de stockage.

Mais au-delà de la qualité, la question du prix reste au centre des préoccupations. «Ici, à la ferme, le kilo se vend autour de 4 à 5 dirhams», précise Ali Essarari. «Dès qu’il passe par le stockage frigorifique, il prend de la valeur, atteignant environ 7 dirhams. Mais au marché, les intermédiaires et vendeurs ambulants gonflent les prix, si bien que le consommateur final paie bien plus que le prix réel.»

Les producteurs espèrent néanmoins que cette campagne marquera un tournant positif. «Les prévisions sont bonnes», confie Ali. «La quantité est correcte, la qualité est excellente et les acheteurs sont déjà là. Après des années difficiles, marquées par la chaleur et la pandémie, nous voyons enfin un signe d’espoir pour améliorer nos revenus et continuer à faire de la pomme d’Imouzzer Kandar un label de qualité nationale.»

La récolte, au-delà des chiffres, reste un rituel communautaire et festif. Dans ce coin du Moyen Atlas, chaque pomme cueillie raconte l’attachement profond des habitants à leur terre, mais aussi leur lutte constante pour donner à ce fruit toute la place qu’il mérite dans le panier des Marocains.

Par Youssra Jaoual
Le 29/09/2025 à 11h32