Lorsque qu’une femme franchit la porte d’un cabinet médical pour un dépistage du cancer du sein, elle entame un parcours précis et encadré. Ce processus, essentiel pour détecter la maladie à un stade précoce, repose sur une succession d’examens cliniques et radiologiques permettant de confirmer ou d’écarter un diagnostic. L’objectif: déceler à temps ce que les yeux ne voient pas et offrir à chaque patiente une prise en charge adaptée à son cas et accroître ses chances de guérison.
«Lorsqu’une patiente vient consulter parce qu’elle a ressenti quelque chose au niveau du sein, le plus souvent, il s’agit d’un petit nodule», explique Oumlreit Bellamlih, oncologue. «Il faut savoir que la majorité de ces nodules ne sont pas malins, mais bénins. Pour en être sûr, on commence par une écomammographie», précise-t-elle
Cet examen permet de classer le nodule selon une grille standardisée. En fonction du résultat, le médecin oriente la patiente vers une simple surveillance, un contrôle ultérieur ou une biopsie. «La microbiopsie permet de poser un diagnostic précis: confirmer un cancer ou l’écarter totalement», ajoute-t-elle.
Outre le dépistage médical, les médecins insistent sur l’autosurveillance. «La femme doit effectuer une palpation de ses seins chaque mois, cinq à dix jours après le début des règles, moment où les seins sont moins douloureux. Il s’agit de repérer toute anomalie visible ou palpable: asymétrie, écoulement, rougeur ou nodule», recommande-t-elle.
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Une fois le diagnostic positif établi, le traitement repose sur une identification fine du type de cancer. «La biopsie ne sert pas uniquement à confirmer la présence d’un cancer, mais aussi à déterminer sa nature», souligne les médecins. L’anatomopathologiste analyse alors les cellules tumorales pour savoir s’il s’agit d’un cancer hormonal ou non, une information capitale pour adapter la stratégie thérapeutique.
Vient ensuite le bilan d’extension, une étape déterminante pour évaluer la propagation de la maladie. «Ce bilan permet de stadifier le cancer de 1 à 4 et de vérifier s’il a touché d’autres organes comme le foie, les os ou les poumons», explique-t-on. Cette standardisation, conforme aux recommandations internationales, garantit une prise en charge homogène dans le monde entier, du Maroc aux États-Unis.
Selon Safaa Mouafik, oncologue radiothérapeute, plusieurs éléments augmentent le risque de développer un cancer du sein. «L’âge est un facteur important: la majorité des cas surviennent après 50 ans, mais on observe de plus en plus de jeunes femmes touchées».
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Les antécédents familiaux jouent aussi un rôle clé. «Lorsqu’on retrouve plusieurs cas dans une même famille -mère, sœur ou tante-, il est nécessaire d’effectuer un dépistage précoce, parfois avec une IRM mammaire. Certaines patientes présentent des mutations génétiques comme le BRCA», ajoute-t-elle.
Les facteurs hormonaux, internes ou externes, comptent aussi. «Une puberté précoce ou une ménopause tardive augmentent l’exposition aux hormones féminines. Les traitements hormonaux substitutifs et la pilule sont également à surveiller», indique la spécialiste. À cela s’ajoutent le manque d’activité physique, l’obésité, une alimentation déséquilibrée, le stress et la pollution.
Des traitements de plus en plus ciblés
Le traitement du cancer du sein est aujourd’hui multidisciplinaire et les options thérapeutiques se sont considérablement diversifiées. «Nous avons la chimiothérapie, l’hormonothérapie, mais aussi les thérapies ciblées», précise les médecins. Ces dernières visent des anomalies spécifiques des cellules cancéreuses ou des mutations génétiques. L’immunothérapie, quant à elle, stimule le système immunitaire pour qu’il attaque lui-même les cellules tumorales.
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La radiothérapie reste l’un des traitements majeurs. «Elle permet de stériliser le lit tumoral, c’est-à-dire la zone du sein où se trouvait la tumeur, afin de détruire les cellules microscopiques restantes à l’aide de rayons X», explique le Dr Mouafik. «Grâce aux progrès technologiques, les techniques actuelles sont beaucoup moins invasives. Elles permettent d’éviter l’ablation totale du sein et offrent donc une meilleure qualité de vie aux patientes», ajoute-t-elle.
L’importance du dépistage précoce
Le message des médecins est unanime: plus le cancer est détecté tôt, plus les chances de guérison sont élevées. «Un cancer du sein découvert à un stade précoce, c’est jusqu’à 95 à 100% de guérison», insiste le Dr Bellamlih.
Et de conclure qu’en 2025, une femme sur neuf est concernée. «D’ici vingt ans, ce sera une sur cinq. C’est pourquoi le mois d’octobre rose est crucial: il rappelle aux femmes de ne pas attendre les symptômes pour consulter. Le dépistage permet de repérer des lésions invisibles et d’agir avant qu’il ne soit trop tard», concluent-elles.
Du cabinet, la patiente ressort soulagée d’avoir osé venir. Le dépistage n’aura duré qu’une trentaine de minutes, mais il pourrait bien lui sauver la vie. En ce mois d’octobre, c’est peut-être le plus beau des gestes qu’une jeune femme peut s’offrir: celui de la vigilance.








