Nutrition: imposer des aliments à vos enfants peut être contre-productif, selon le pédiatre Ahmed Lahlou

Un enfant forcé à manger des légumes. (Photo d'illustration)

Le 15/04/2024 à 09h00

VidéoCertains parents expriment des inquiétudes lorsque leurs enfants n’ont pas d’appétit, notamment pour les fruits, les légumes et des aliments jugés sains pour la santé. Faut-il alors les forcer à manger? Entretien avec le docteur Ahmed Lahlou sur la bonne démarche parentale à suivre, et sur les clés d’une alimentation équilibrée chez les enfants.

À notre époque où l’importance d’une alimentation saine et équilibrée est de plus en plus mise en avant, surtout pour les enfants, de nombreux parents se retrouvent confrontés à un défi de taille: encourager les petits de la maison à manger des aliments sains alors que ces derniers rechignent à le faire. La tentation de recourir à la pression, voire parfois la force est bien présente pour «garantir», pensent les parents, leur bonne alimentation, mais pour le docteur Ahmed Lahlou, pédiatre à Casablanca, cette approche peut avoir des conséquences néfastes sur la santé et le bien-être des enfants.

Dans une rencontre avec Le360, le pédiatre met en garde contre la pratique qui consiste à imposer des choix alimentaires aux jeunes. «N’imposez jamais la nourriture à vos enfants, cela ne fait que les complexer. Si la croissance de l’enfant est conforme aux normes en termes de poids et de taille, il est essentiel de respecter son appétit naturel», prévient-il.

Le pédiatre met en lumière une autre pratique courante, mais néfaste: donner des goûters et faire manger plusieurs fois par jour les enfants, en pensant que la quantité des aliments absorbés va compenser la perte d’appétit aux grands repas de la journée. Il souligne que l’équilibre alimentaire est primordial et qu’il vaut mieux privilégier un seul repas équilibré par jour, au rythme de l’enfant, plutôt que des collations déséquilibrées.

«Ce n’est pas la quantité qui compte, mais plutôt la qualité», affirme le docteur Lahlou. Il explique que les parents qui cherchent à prescrire des sirops d’appétit à leurs enfants doivent comprendre que ces produits ne ciblent pas spécifiquement un aliment. «Si votre enfant ne veut manger que des pommes de terre, donnez-lui-en jusqu’à ce qu’il s’en lasse et continuez ainsi avec une variété d’aliments», propose le pédiatre.

Il s’agit aussi d’encourager les parents à adopter une approche plus souple en matière d’alimentation. «L’important est la croissance, l’objectif est qu’à la fin de la semaine, l’enfant ait pris assez de vitamines. Par contre, les méthodes coercitives peuvent conduire l’enfant à rejeter la nourriture en général», explique-t-il.

Cependant, le docteur Lahlou souligne qu’il est essentiel de consulter un pédiatre si l’enfant présente des signes de sous-nutrition ou de carences, plutôt que de recourir à des compléments alimentaires. Il met en avant l’importance d’un traitement approprié en cas de carences, telles que celles en fer.

Finalement, les parents peuvent aussi utiliser les préférences alimentaires de leurs enfants de manière constructive, et leur suggérer au bon moment des aliments qui leur font plaisir, tels que les biscuits ou le chocolat, comme incitatifs positifs pour encourager une alimentation équilibrée.

«Même parmi ces aliments de plaisir, aucun n’est mauvais pour leur santé tant que c’est consommé avec modération», conclut le pédiatre.

En adoptant une approche plus flexible et en respectant l’appétit naturel de leurs enfants, les parents peuvent contribuer à favoriser une relation saine avec la nourriture et à promouvoir leur bien-être à long terme.

Par Hafida Ouajmane et Khalil Essalak
Le 15/04/2024 à 09h00