Nouvelle polémique au Bureau Marocain des droits d'auteurs

Le Bureau Marocain des droits d'auteurs siège désormais à Rabat dans le bâtiment qui abritait autrefois le ministère de la Communication.  . DR

Ismail Mankari, l'ancien directeur du Bureau marocain des droits d'auteurs (BMDA), démis de ses fonctions il y a un an et demi, accuse l'institution de "faire de la rente". Une sortie médiatique tonitruante, qui a fait réagir sept syndicats d'artistes, et qui fait polémique.

Le 12/10/2020 à 16h26

Nouvelle polémique autour du Bureau Marocain des droits d’auteurs et droits voisins. Une sortie tonitruante d’Ismail Mankari, son ancien directeur, a fait réagir sept syndicats d’artistes, dont celui des professionnels des arts dramatiques.

Dans ce communiqué rendu public le dimanche 11 octobre dernier, et dont Le360 a obtenu copie, les auteurs du texte contestent les déclarations d’Ismail Mankari relayés dans un article sur le site d'information Hespress, le 7 octobre dernier, où il accuse le BMDA d’être une "institution de la rente" et met en doute la manière avec laquelle est effectuée la redistribution des droits d’auteurs.

Une sortie au parfum de scandale puisqu’il évoque clairement de possibles détournement de fonds dans cette institution. "Le bureau marocain des droits d’auteurs, et je pèse mes mots, profite à quelques personnes. C’est une institution de rente. Les auteurs et compositeurs sont exclus et ne reçoivent pas leur droits", dénonce t-il.

Et de poursuivre: "au sein de cette institution, il existe des poches de résistance qui profitent de l’argent de ce bureau".

Pour Ismail Menkari, le Bureau marocain des droits d’auteurs se résume à son bâtiment et est dépourvu de tout cadre juridique nécessaire à un bureau de gestion des droits communs.

Ces propos ont fait sortir plusieurs syndicats de leur terrier, comme le Syndicat artistique des producteurs et auto-producteurs, le Syndicat artistique des droits voisins, la Chambre marocaine des techniciens de cinéma et créateurs de films, le Syndicat marocain de l’artiste professionnel, le Syndicat des auteurs et compositeurs indépendants marocains, et enfin le Syndicat des hommes de théâtre marocains et employés de la télévision marocaine.

"Nous sommes étonnés par les propos d’Ismail Menkari qui a été démis de ses fonctions en tant que directeur du BMDA, cela fait un an et demi. Sa sortie médiatique coïncide avec la campagne féroce menée contre les artistes marocains", écrivent les auteurs de ce communiqué, qui reprochent à Ismail Mankari de dénigrer "le travail qui est réalisé par l’équipe actuelle", et d'annoncer leur "solidarité avec la directrice du BMDA".

Après avoir loué le travail accompli par celle-ci, les auteurs de ce communiqué exigent du ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports d’ouvrir une enquête autour de ces propos jugés calomnieux, afin de protéger l’image des artistes marocains.

Rappelons que le 14 juin 2020, en pleine crise sanitaire du Covid-19, et pour atténuer son impact socio-économique, le ministre en charge de la Culture, Othman El Ferdaous, avait proposé la distribution anticipée par le BMDA, à partir du 15 juin, de toutes les répartitions restantes programmées pour l’exercice 2020, soit l’équivalent de 34,4 millions de dirhams. Il s’agissait là de la distribution des perceptions de l’année 2019, en ce qui concerne les droits d’auteurs, et la rémunération de la copie privée.

A ce propos, Abdelhakim Karmane, qui est spécialisé dans les droits d’auteurs, affirme que ces artistes, qui ont pris la défense de l'actuelle directrice par intérim du BMDA, Dalal Alaoui M’hamedi, désignée après le départ d’Ismail Mankari, ne savent pas que ces "réalisations" évoqués dans le communiqué lui sont faussement attribuées. 

"Tout l’argent qui est redistribué aujourd’hui provient des redevances de la copie privée. Et ce travail est réalisé par la douane, le BMDA n’a pas récolté l’argent, il ne fait que le distribuer. S’il y a donc une institution dont on doit louer le travail c’est bien l’administration des douanes", explique-t-il. 

Abdelhakim Karmane propose en conséquence au BMDA de publier la liste de tous les artistes auxquels l’institution a distribué les redevances sur la copie privée. Il s’agit, en fait, d'une taxe que tout acheteur d’appareil photo, d'ordinateur portable, de disque dur, de clés USB, etc. doit payer à l’Etat.

Contactée par Le360, Dalal Alaoui M'hamedi, directrice par intérim du BMDA, est restée injoignable.

Par Qods Chabaa
Le 12/10/2020 à 16h26