Elaboré par Aomar Ibourk, Karim El Aynaoui et Tayeb Ghazi, le policy paper intitulé «Migration circulaire et intermédiation: enseignements tirés de l’expérience des travailleuses marocaines saisonnières en Espagne», met l’accent sur la réintégration des travailleuses marocaines saisonnières.
Selon ce document, la quasi-totalité des saisonnières sont en mesure d’achever leur contrat et ne signalent pas de problèmes liés à cet aspect. Toutefois, cela ne signifie pas que les résultats de la migration sont toujours bénéfiques, ni que les réintégrations sont faciles. Une réintégration complète serait ainsi en mesure d’assurer la durabilité des effets positifs de ce type de migration.
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Les travailleuses saisonnières de retour au Maroc pourraient contribuer au développement social et économique, notamment au niveau local, car elles seraient capables de combiner les compétences acquises et l’épargne constituée à l’étranger pour créer leurs propres activités. Elles pourraient également employer des membres de leurs familles et de leurs communautés, fait-on savoir.
Pour le Policy Center for The New South (PCNS), il est important d'accompagner adéquatement les saisonnières marocaines, d'autant plus que l’on sait que ces femmes ne sont employées que moins de six mois dans l’année dans l’agriculture, qui reste peu rémunératrice. Il faudra donc, tout d’abord, assurer une inclusion financière et un accompagnement en matière de renforcement de leur employabilité.
Le PCNS plaide aussi pour un accompagnement en matière d’alphabétisation financière, ainsi qu'en matière de création, et post-création, d'activités génératrices de revenus pour ces femmes.
En plus, des mesures de réintégration globale devraient être mises en place avant même que les travailleuses saisonnières ne quittent leur pays d’origine, afin qu’elles soient bien préparées et qu’elles aient eu le temps d’envisager leurs possibilités après la migration. Cette condition préalable peut aider les saisonnières à faire de leur mieux pour mobiliser les moyens (nécessaires) humains, financiers et sociaux avant, pendant et après la migration.
L’orientation et la formation professionnelle des travailleuses saisonnières avant l’émigration permettraient de mieux les préparer à la réintégration sur le marché du travail ou à la création de petites entreprises à leur retour. Ces mesures devraient donc être intégrées dans le cadre des accords de travail, ce qui permettrait de poser les bases pour une éventuelle coopération internationale dans l’accompagnement des saisonnières marocaines.
Il convient de signaler que l’évolution du nombre des saisonnières marocaines en Espagne est passée par différents épisodes. Le premier s’inscrit dans le cadre du programme MEDA II (Projet européen d’appui institutionnel à la circulation des personnes) de 49 mois, se terminant en janvier 2010. S'élevant à 5.000 lors du lancement du programme, le nombre de femmes recrutées a atteint 13.000 en 2008 et 17.000 en 2009.
La fin du programme et l’avènement de la crise, notamment celle de la dette dans l’Europe méditerranéenne, expliquent la baisse drastique du nombre de bénéficiaires à environ 2.000. Courant 2017, l'on a observé un retour, qui s’est poursuivi en 2018 et 2019 avec des chiffres se situant autour de 15.000 bénéficiaires. Enfin, la chute en 2020 à environ 7.000 était naturelle dans un contexte de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.
Pour la prochaine campagne de recolte de fraises et de fruits rouges, 15.000 saisonnières marocaines sont annoncées à Huelva début janvier, selon la presse espagnole.