Marocains expulsés d’Algérie en 1975: une caravane européenne pour commémorer le cinquantenaire

Un Marocain expulsé d'Algérie en 1975 brandit ses papiers d'époque.

Revue de pressePrès de cinquante ans après l’expulsion massive de milliers de familles marocaines d’Algérie en 1975, une caravane civile s’apprête à sillonner l’Europe pour réclamer justice, reconnaissance et réparation. À l’approche du cinquantenaire de ce drame méconnu, les familles veulent remettre sur la scène internationale la mémoire de cette tragédie longtemps occultée. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 16/07/2025 à 19h39

Le bureau exécutif du Rassemblement international de soutien aux familles d’origine marocaine expulsées d’Algérie a annoncé le lancement des préparatifs pour l’organisation d’une caravane civile qui sillonnera plusieurs capitales et grandes villes européennes, notamment celles qui abritent des institutions de défense des droits humains et des instances européennes.

Cette initiative, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 17 juillet, s’inscrit dans le cadre de son programme international de plaidoyer pour la reconnaissance et la réparation de la tragédie des Marocains expulsés d’Algérie en 1975.

Dans un communiqué de presse publié à l’issue de sa réunion du lundi 15 juillet, le bureau exécutif a présenté l’avancée des préparatifs pour commémorer le 50ème anniversaire de cet épisode sombre de l’histoire contemporaine du Maghreb arabe.

L’initiative, organisée en partenariat avec plusieurs acteurs, dont l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH), prévoit notamment des actions de plaidoyer auprès du Conseil des droits de l’Homme à Genève, des institutions européennes à Bruxelles et du Conseil de l’Europe à Strasbourg.

Parmi les temps forts de ce programme, écrit-on, figure également l’organisation d’un colloque à Bruxelles, siège de l’Union européenne, pour remettre sur la table cette question restée trop longtemps taboue et rappeler à la communauté internationale les droits bafoués de milliers de familles.

Pour mémoire, en décembre 1975, dans un contexte régional tendu marqué par le retrait espagnol du Sahara et le déclenchement de la Marche verte, le président algérien Houari Boumédiène avait ordonné l’expulsion massive de ressortissants marocains vivant légalement sur le territoire algérien depuis parfois plusieurs générations.

On estime qu’entre 35.000 et 45.000 familles marocaines, soit près de 350.000 personnes selon certaines sources, ont été brutalement arrachées à leurs foyers, séparées de leurs proches, dépouillées de leurs biens et contraintes de quitter le pays du jour au lendemain, souvent en plein hiver et dans des conditions dramatiques.

Cette expulsion collective est restée gravée dans la mémoire des familles comme une profonde blessure humaine et juridique, d’autant que beaucoup de ces familles avaient contribué à la construction de l’Algérie indépendante, après avoir participé au développement agricole et industriel de régions entières.

Les membres du bureau exécutif de l’association ont réitéré leur détermination à préserver la mémoire des familles marocaines expulsées de force et à maintenir vivante cette page de l’histoire, tant qu’aucune reconnaissance officielle ni réparation n’auront été obtenues.

Parmi les propositions, figure la poursuite du programme de documentation de cette tragédie, afin de constituer des archives accessibles aux chercheurs, journalistes et défenseurs des droits humains.

Le Rassemblement appelle ainsi à intensifier la pression sur les autorités algériennes pour qu’elles reconnaissent officiellement ces violations graves des droits humains, présentent des excuses officielles et engagent un processus de réparation, tant individuel que collectif, pour les victimes et leurs descendants.

À travers cette caravane civile et ce programme de commémoration, les organisateurs espèrent attirer l’attention de l’opinion publique européenne et internationale sur cette injustice historique, et relancer le débat pour que la vérité, la mémoire et la dignité de ces familles ne soient plus jamais reléguées à l’oubli.

Par La Rédaction
Le 16/07/2025 à 19h39