L'IRCAM presse le gouvernement d'adopter la loi organique

Ahmed Boukouss, directeur de l'Institut royal de la culture amazighe.

Ahmed Boukouss, directeur de l'Institut royal de la culture amazighe. . DR

EntretienAhmed Boukouss, directeur de l'IRCAM (L'Institut royal de la culture amazighe), a pressé le gouvernement à adopter les lois organiques relatives à la langue amazighe et au Conseil national des langues. Dans l’interview accordée à Le360, il appelle à la généralisation de l'enseignement de l'amazigh.

Le 26/04/2015 à 12h50

Le360: Pourrirez-vous nous dresser l'état actuel des lieux de la langue amazighe au royaume?

Ahmed Boukouss : Pour faire un diagnostic fiable, nous attendons l'adoption par le gouvernement de la loi organique ainsi que de celle concernant le Conseil national des langues et de la culture marocaines. Pour d'aucuns, le gouvernement ne cesse de tergiverser là-dessus tandis que d'autres pensent qu'il faut laisser le temps au temps afin d'aboutir à des lois dignes de nos attentes. Une troisième tendance souhaite que lesdites lois voient le jour avant la fin de la législature actuelle, donc avant la fin du mandat du gouvernement Benkirane.

Quelle est la position de l'IRCAM concernant cette question?A l'IRCAM, nous souhaitons que les deux projets de loi soient bien étudiés. La loi organique concernant la langue doit considérer les différentes dimensions de la question amazighe. Tous les secteurs se doivent d'être interpellés, en prenant en compte la priorité que certains requièrent davantage que d'autres.

Quelle priorité réclamez-vous à l'Etat?Celle de la généralisation de l'enseignement de l'amazigh aux trois niveaux, primaire, collège et lycée. Pour le supérieur, il y a déjà quatre universités au sein desquelles il existe des filières amazighes, tant au niveau de la licence que celui du master. Des départements d'études de langue et de culture amazighes existent aussi au sein de deux universités. Malgré ces acquis, certes importants, beaucoup de chemin reste à parcourir, dont le principal handicap réside dans le manque d'enseignants.

Que préconisez-vous comme solutions pour la promotion de l'enseignement de l'amazigh au supérieur?Il faut que le ministère de l'Enseignement supérieur crée davantage de filières et de départements. Il est vrai que nous avons déjà formé 2.200 étudiants au niveau des universités, mais ce chiffre reste néanmoins relativement modeste, eu égard à l'intégration assez tardive de l'amazigh au sein de l'université. Reste le problème de débouchés pour ces lauréats.

Avez-vous eu l'occasion de soulever la question avec le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane?

Oui, bien sûr. Certes, des efforts ont été faits concernant l'enseignement, mais la promulgation de la loi sera un mécanisme et un dispositif juridique, incitant le gouvernement à accélérer le processus de formation et de recrutement. C'est le seul moyen qui nous permettra d'avoir plus d'écoles, plus d'enseignants et, par conséquent, plus d'apprenants.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 26/04/2015 à 12h50