Une fois n’est pas coutume, je cite Vladimir Poutine à propos de la lutte contre les terroristes: «Nous frapperons les terroristes où qu’ils se cachent. S’ils sont dans un aéroport, nous frapperons l’aéroport, et s’ils sont aux chiottes, excusez mon langage, nous irons les tuer jusque dans les cabinets».
Cette phrase est rapportée par Giuliano Da Empoli, dans son livre «Le Mage du Kremlin», best-seller mondial sur l’univers du président russe.
Au Maroc, pas besoin de faire des déclarations de ce type. La lutte contre ceux qui veulent ruiner notre pays est exemplaire, permanente et efficace. Chaque fois que je lis une information sur le démantèlement d’une cellule ayant fait allégeance à Daech et préparant des attentats, je me pose toujours la même question: d’où sortent ces individus? Pourquoi leurs parents ne les ont pas éduqués? Quel est leur intérêt de détruire et saccager un pays en plein essor économique et social?
Je n’ai pas de réponse, en dehors de tout ce qui a été écrit sur ces dérives qui s’acharnent à salir l’islam et à assouvir leur soif de mal, en voulant tuer des innocents et surtout créer une situation où plus aucun touriste ne mettra les pieds au Maroc.
Hugo Micheron, docteur en sciences politiques, arabisant et chercheur rattaché au CERI, vient de publier chez Gallimard un livre important: «La colère et l’oubli. Les démocraties face au jihadisme européen».
Il retrace l’histoire du jihadisme depuis 1989, nous éclaire sur ses métamorphoses, son expansion dans le monde musulman et dans toute l’Europe. Près de cent cinquante attentats se réclamant de l’islamisme ont été commis en Europe, faisant huit cents morts et près de cinq mille blessés.
Mais au-delà de ces attaques meurtrières, le jihadisme se présente comme une idéologie de combat, déterminée à faire le malheur de l’Occident en particulier.
Hugo Micheron nous apprend que près de 90% de ces individus sont originaires de huit pays européens: en tête, la France, ensuite l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas, l’Espagne et le Danemark.
Une exception cependant: l’Italie, même si 129 résidents de ce pays ont rejoint les rangs de Daesh.
Je propose une hypothèse (que Micheron n’évoque pas): la Mafia est si puissante en Italie qu’elle a dû passer un accord avec Daech pour la laisser faire son business. Aucun attentat n’a été commis sur le territoire de ce pays. Tant mieux.
En France, l’islamisme militant est parti des prisons vers la fin des années quatre-vingt: des détenus ont réclamé de la nourriture halal.
Chacun trouve son identité où il peut.
À Molenbeek, Laeken et Schaarbeek en Belgique, le principe du terrorisme au nom d’un islam détourné et surtout incompris a rejoint l’envie de se révolter contre une situation de misère sociale et identitaire, doublée par l’appel à se rendre en Syrie combattre les «koffar», les mécréants.
Mais la misère n’explique pas tout. C’est surtout un vide, un vide immense où la culture a été complètement oubliée, où l’éducation n’a pas pu se faire normalement. Ainsi, certains choisissent le trafic de drogue, d’autres partent faire le jihad pour consolider une identité vacillante. Dans un cas comme dans l’autre, il y a dérive puis délinquance. Le résultat est à peu près le même.
On apprend par exemple que l’espérance de vie dans les favélas du Brésil ne dépasse pas les 25 ans, à peu près le même dans le milieu des trafiquants de drogue et des apprentis jihadistes à Marseille et sa région.
Hugo Micheron raconte, entre autres, l’histoire d’un étudiant américain, Jesse Morton, qui va créer un groupe en Amérique pour recruter des candidats au jihad. Très vite, il parvient à avoir un réseau important, ce qui inquiéta les autorités américaines. Jesse Morton prend la fuite et s’installe à Casablanca. Peu de temps après, il est interpellé par la police marocaine et remis aux autorités américaines qui l’ont condamné à onze ans de prison.
Le projet de Daech vise tous les pays du monde. Répandre leur idéologie par tous les moyens à travers le monde. Ce n’est plus une question de minorités pauvres qui ne trouvent pas leur place en Europe. C’est un projet mondial qui a des résonances partout. D’où le titre du livre de Micheron, «La colère et l’oubli».
Les terroristes, eux n’oublient pas. La preuve est donnée quasiment toutes les semaines par les services de renseignement marocains et la Direction générale de la sûreté nationale qui réussissent à démanteler ces cellules.
Ces hommes et femmes qui luttent contre le terrorisme devraient avoir notre respect et notre admiration. On ne le dit pas assez. Ils sont formidables. Merci d’être si vigilants et si efficaces. Grâce à eux et à leur chef, le Maroc vit en paix et garantit au politique une stabilité essentielle. Quant aux faiseurs de malheur, eux, ils n’abandonnent pas leur sale besogne.