Moins d'une semaine après la signature du partenariat entre l'OMPIC et l'Office européen des brevets (OBE), relatif à la validation des brevets d'invention européens au Maroc, des fabricants de médicaments génériques marocains et des associations affichent des inquiétudes. L'ALCS, la Coalition internationale pour l'accès aux médicaments (ITPC MENA) et le Collectif des droits à la santé estiment que la convention servirait à surprotéger les multinationales, à renforcer leur monopole et à bloquer le recours au générique pour les patients Marocains. Selon le quotidien l'Economiste du 27 janvier, cette mesure intervient alors que le Maroc vise le développement des médicaments génériques, la généralisation de l'assurance-maladie et l’élargissement du Ramed.
La présidente de l'ALCS, Hakima Himmich, pense que les intérêts des deux côtés de la méditerranée ne sont pas les mêmes. L'Europe a besoin de protéger au maximum ses industries alors que le Maroc est plutôt consommateur d'innovations. D'après elle, le royaume devrait s'imprégner du modèle brésilien, indien et égyptien qui privilégie l'intérêt national au détriment des multinationales et surtout dans le domaine de la santé et l’accès aux médicaments. Les trois associations, préviennent aussi sur les sanctions que le Maroc risque en cas de retard par rapport aux délais fixés par la loi relative aux demandes de brevet. En outre, ceux-là pointent le fait que les grandes multinationales intègrent des modifications mineures sur leurs produits juste avant qu'ils soient rendus publics, dans le but de prolonger la durée de vie et qu'ils ne soient pas génériqués. Les angoisses de ces collectifs sont aussi ressenties quant au laxisme du bureau européen, qui a reçu en 2013, l’équivalent de 147.869 demandes de brevet contre seulement 1.096 au Maroc. Dans ce sens, l'OMPIC serait alors contraint de délivrer des brevets abusifs aux grands groupes pharmaceutiques qui ne laisseront pas place aux médicaments génériques. Chose qui, selon ces trois associations qui demandent le gel de cet accord, conduirait à une difficulté d'accès au médicament pour le citoyen marocain et proposent même l'élaboration d'une vraie politique de protection de la propriété industrielle.