Les boulangers brandissent, de nouveau, la menace d’augmenter les prix. Et pour taper fort, cette fois, la Fédération marocaine des boulangeries et pâtisseries compte s’attaquer au prix de référence du pain. En d’autres termes, explique le quotidien Al Akhbar qui rapporte l’information dans son édition du lundi 20 juin, la fédération passe directement à la libéralisation pure et simple du prix de référence qui est de 1,20 dirhams. Les autres produits ont évidemment déjà connu une hausse de prix.
D’après le quotidien, il semble que la Fédération, après une série de réunions au niveau régional et national de ses instances, ait effectivement décidé de faire le pas. Les boulangers ont ainsi pris la décision unilatérale de considérer que le pain est désormais un produit libéralisé, légalement et dans les faits. En conséquence, précise le quotidien, pour les professionnels, ce produit obéit désormais au principe de la liberté des prix et de la concurrence ainsi qu’aux lois du marché et donc de l’offre et de la demande.
La Fédération marocaine des boulangeries et pâtisseries a tenu à préciser, par ailleurs, qu'aucun accord ne la lie, ni au gouvernement, ni aux minotiers dans le sens du maintien du prix du pain rond à 1,20 dirhams.
Bien sûr, le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. En réaction à cette annonce, une source gouvernementale, citée par le quotidien, affirme que les boulangers n’ont pas le droit d’augmenter les prix. Cela d’autant que le gouvernement n’a reçu aucune notification dans ce sens. Partant de là, il n’acceptera pas cette décision à caractère unilatéral. Selon la même source, cette augmentation n’est nullement justifiée du moment que le gouvernement continue à soutenir les prix de la farine et celui du blé tendre. Et à ce jour, les prix de ces deux matières sont restés inchangés.
La Caisse de compensation, dont le budget vient de connaître une rallonge supplémentaire de 16 milliards de dirhams, continue d’intervenir pour maintenir le prix des graines importées au même niveau et par ricochet le prix de la farine tendre qui est la matière de base pour la fabrication du pain au prix référentiel de 1,20 dirhams.
De leur côté, les membres de la fédération des boulangers ne voient pas les choses sous cet angle. Un responsable de la fédération, également cité par le quotidien, tient d’abord à préciser que l’État subventionne les minotiers et non les boulangers et les pâtissiers. L’État intervient, en effet, poursuit la même source, pour maintenir le prix de la farine du blé tendre à un niveau de 3,5 dirhams le kilogramme. Or, ce type de farine n’est pas utilisé, ou peu utilisé par les boulanger. Ils l’appelleNT d’ailleurs le «gypse» en raison de sa qualité qui laisse à désirer. Pour eux, elle ne convient pas à fabriquer du pain de qualité, sauf si l’on y ajoute d’autres ingrédients comme le sucre et des améliorants ainsi que d'autres additifs afin de le rendre propre à la vente. En définitif, conclut ce responsable de la fédération des boulangers et pâtissiers, «ce sont finalement les minotiers que l’État subventionnent pour qu'ils nous fournissent en farine de mauvaise qualité».