C'est à mains nues, allongé, au mépris de sa propre vie, qu'il n'a d'ailleurs pas hésité à risquer, que Ali Sahraoui a creusé les derniers centimètres qui séparaient Rayan des secouristes, de ses parents, de la foule venue prier pour lui… Pour cette opération périlleuse, l'expérience de cet homme, puisatier depuis trois décennies, s'est avérée indispensable afin d'éviter tout risque d’éboulement.
«Je voudrais avant tout rendre hommage au Roi et à la famille alaouite dans son ensemble. Nous avons effectué une tâche qui aurait normalement nécessité deux mois de labeur... Je ne suis parvenu ni à dormir, ni à m'alimenter, tout au long de cette opération de sauvetage. On me disait: "Ali, mange...", ou encore "Ali, repose-toi", mais c'est à peine si j'arrivais à m'arrêter quelques instants pour boire de l'eau...», raconte, la voix brisée et encore sous le choc, le puisatier devenu le héros de tout un peuple.
Dans le douar d'Ighrane, près de Chefchaouen, d'où est originaire le petit garçon tragiquement disparu à l'âge d'à peine cinq ans, tout le monde l'apprécie, et le connaît par son surnom, Ali Sahraoui. En fait, Ali Jajawi, son vrai nom, âgé aujourd'hui de 64 ans, est issu de la région oasienne d'Erfoud (Draâ-Tafilalet) d'où il est venu s'installer dans cette zone montagneuse du nord du Maroc, voici trente ans. Puisatier de son métier, il a été appelé par les autorités pour apporter son savoir-faire aux secouristes, au début de l'opération de sauvetage.
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«J’ai été contacté par certaines personnes qui ont demandé ma présence urgente et immédiate pour sauver le petit coincé dans le puits. Avec l’aide de deux autres personnes, et en utilisant alternativement deux marteaux-piqueurs, j’ai pu creuser la terre sur 1,50 mètre, et c’est à ce moment-là que j’ai buté sur de la roche. Cette roche a rendu l'opération de sauvetage encore plus délicate», témoigne, pour Le360, Ali Sahraoui, visiblement pas encore remis des cinq jours difficiles qu'il vient de vivre aux côtés de dizaines d'autres secouristes et des membres des forces de l'ordre, qui avaient été déployés en nombre dans les lieux de l'accident.
Le savoir-faire de Ali Sahraoui a été déterminant, lors de la dernière étape pour extraire Rayan des profondeurs où il était coincé depuis plus de 100 heures. Les secouristes ont eu recours au puisatier pour qu'il fore un tunnel sur 5,65 mètres, qui a relié l'immense crevasse creusée en un temps record, d'une profondeur de 32 mètres, au puits où était coincé le petit garçon.
Ali Sahraoui a parlé d'une voix brisée par l'émotion, et a réprimé des sanglots, en relatant ces cinq dures journées au cours desquelles il n'a pas ménagé ses efforts. C'est aussi grâce à cet homme, dont un passant est venu embrasser le front en signe d'amour et de respect, au moment où, filmé par Le360, il témoignait, que le petit Rayan a finalement pu être extrait... Malheureusement sans vie. Le dévouement et le courage de Ali ont ému tout un peuple, et bien nombreux sont ceux qui en font un exemple de générosité et de solidarité.