Le «raqi de Berkane» condamné à 10 ans de prison

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Accusé de traite d’être humains et d'abus sur des femmes en désarroi à des fins sexuelles, le tristement célèbre «raqi de Berkane» a été condamné à 10 ans de prison ferme.

Le 31/10/2019 à 11h18

Ses vidéos, à caractère pornographique, ont fait le tour de la Toile et on y voit le fameux «raqi de Barkane» donner libre cours à ses fantasmes sexuels avec des femmes qu’il a réussi à ensorceler, sous prétexte de guérison contre le mauvais sort ou le mauvais œil par le Coran quand ce n’est pas une forme d’exorcisme sur fond de tradition musulmane.

Et c'est pris dans son propre piège que le dénommé M.B a été arrêté en juin dernier et qu’un procès a été déclenché. Mercredi 30 octobre au soir, la Justice a dit son dernier mot. Et ce sera 10 ans de prison ferme contre le mis en cause.

Le deux frères d’une des victimes, par qui le scandale a éclaté ont, eux, été condamnés à 2 ans de prison ferme chacun. Ceci, pour violence contre l’agresseur sexuel et non dénonciation d’un crime.

Le principal accusé a quant à lui été écroué pour "trafic d'êtres humains ciblant des personnes en situation difficile sous la menace de diffamation, pour viol et tentatives de viol, d'agression, coups et blessures volontaires, ainsi que pour administration de substances nocives à la santé".

Tout a commencé en décembre 2018 quand la pourtant paisible ville de Berkane a été secouée par un véritable scandale, suite à l'hospitalisation du charlatan en question. L'homme, gravement blessé, avait été transporté d’urgence à l’hôpital. Il s’est avéré, par la suite, qu’il avait été agressé par les deux frères d’une fille à laquelle il avait fait croire qu’il était capable de soigner sa dépression. Il a profité de sa crédulité pour la droguer et la violer, allant jusqu'à filmer la scène avec son téléphone portable.

Avisée, la police a entamé des investigations pour découvrir que le «raqi» avait fait chanter une quinzaine de femmes originaires de différentes villes. Face au scandale qu'a suscité cette affaire dans une ville connue, de surcroît, pour son conservatisme, le procureur général du roi d’Oujda a supervisé personnellement ce dossier. Sachant que la propagation de ces vidéos peut causer beaucoup de mal aux victimes, le magistrat a confié cette affaire à la brigade de la sûreté d’Oujda qui a saisi tous les CD trouvés dans la maison du charlatan.

Le procureur du roi a ordonné l’incarcération de l’accusé dans la prison locale d’Oujda. Ce dernier a été poursuivi pour escroquerie, fraude, viol, rapports sexuels illégitimes et détention de photos et de vidéos indécentes de femmes venues le consulter. Les premières investigations ont révélé que le mis en cause était un immigré qui vivait en Belgique et qui s’est installé dans un appartement à Berkane. Il s'y adonnait à la pratique de la guérison par la Rukya alors qu’il ne maîtrise ni le Coran, ni les sciences de la Chariâa. Des révélations qui ont choqué les enquêteurs qui craignent que l’accusé ne se soit servi de la «Rukya» pour couvrir un trafic de vidéos pornographiques vers l’Europe.

L’accusé a profité du désarroi de femmes malades pour les droguer, les déshabiller et les violer tout en filmant ses actes sadiques. Et le calvaire de ces femmes ne faisait que commencer, cet homme pervers les ayant ensuite fait chanter, les menaçant de publier les vidéos si elles refusaient de continuer à avoir des rapports sexuels avec lui. Aucune de ses victimes n’a eu le courage de porter plainte contre lui, de peur du scandale. Une seule fille a pu briser le mur de silence après avoir subi, elle aussi, les sévices de cet homme malade qui a profité de sa dépression nerveuse pour la mettre sous son joug.

Quand elle a découvert qu’il l’avait violée, elle a voulu informer la police, mais le faux guérisseur l’a menacée de publier les vidéos. Lasse d’être acculée à satisfaire ses pulsions sexuelles, elle a fini par informer sa famille. Très remontés, ses deux frères se sont dirigés vers l’appartement du charlatan auquel ils ont fait subir une sérieuse bastonnade. C’est cette agression qui a mis la puce à l’oreille des policiers qui ont fini par découvrir les perversions sexuelles du faux «fqih».

Par Mohammed Chellay
Le 31/10/2019 à 11h18