Le «lobby» du privé s’oppose aux praticiens étrangers

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Revue de presseKiosque360. Dans une lettre adressée aux parlementaires, le «lobby» des médecins privés souhaite imposer ses propres conditions pour que des praticiens étrangers soient autorisés au Maroc, comme le désire le ministère de tutelle.

Le 08/06/2021 à 19h18

Comme il fallait s’y attendre, le projet de loi visant à autoriser l’exercice de la médecine au Maroc par des praticiens étrangers ne réjouit pas tout le monde. C’est le cas du « obby» de la médecine privée qui vient de faire part de son niet à cette réforme enclenchée par le ministère de la Santé afin de répondre aux problèmes du manque de ressources dans le secteur.

Dans son édition du mercredi 9 juin, Al Massae rapporte que ce «lobby» vient d’entamer des actions visant à stopper ce projet de loi ou, du moins à imposer des changements selon des termes qui lui conviennent. Dans ce sens, il a transmis à la Chambre des Représentants une lettre où il fait part de ses doléances. Parmi elles, la nécessité de restreindre l’exercice par des étrangers de la médecine au secteur public, selon des conditions bien précises. Selon Al Massae, les médecins du privé font valoir que ce sont principalement les hôpitaux publics qui souffrent du manque de ressources que connaît le secteur de la santé au Maroc. C’est donc naturellement que le recrutement d’étrangers doit être orienté vers le public.  Et si l’accès au secteur privé leur est quand même ouvert, il ne doit l’être que dans certaines conditions. Pour le lobby, il faudrait, par exemple, que ces étrangers opèrent principalement dans «les déserts médicaux», ou dans des zones où un fort besoin est identifié sur la base d’une carte sanitaire. En cas de difficulté de mise en place de cette carte dans l’urgence, il serait, selon la même source, souhaitable de déterminer 3 à 4 zones prioritaires dans lesquelles opéreraient les médecins étrangers.

Le quotidien ajoute que la lettre adressée aux parlementaires insiste également sur la nécessité d’instaurer un dispositif de contrôle des compétences des praticiens étrangers. Ce contrôle rigoureux doit être assuré, d’après le même document, par le ministère de la Santé, le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère de l’Intérieur. Sur ce dernier point, le lobby de la médecine privée explique qu’il ne faudrait pas que cette ouverture du secteur de la santé aux étrangers se fasse au détriment de la préservation de la santé des Marocains, prévenant que l’autorisation de praticiens incompétents risquerait d’avoir de graves répercussions.

Par ailleurs, la lettre exhorte les pouvoirs publics à privilégier le recrutement des nationaux exerçant à l’étranger, qui peuvent être attirés par la mise en place de conditions incitatives qui encourageraient leur retour au pays.

Enfin, pour ce qui est de l’autorisation, les propositions des médecins du privé défendent une validité de deux ans seulement, renouvelable en cas de nécessité. Pour l’obtenir, les praticiens étrangers doivent déposer une demande au ministère de la Santé et s’inscrire à l’Ordre marocain des médecins.

Par Fayza Senhaji
Le 08/06/2021 à 19h18