Le fort taux de féminisation des écoles d’ingénieurs au Maroc interroge en France

Dans le campus de l'université Mohammed VI, à Ben Guérir. 

Sur le campus de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), à Benguerir.. DR

Le magazine Le Figaro étudiant s’est penché dans un article sur le nombre important d’étudiantes marocaines optant pour des études scientifiques, à l’heure où en France, les écoles d’ingénieurs peinent à féminiser leurs effectifs.

Le 03/06/2023 à 18h51

Dans un article publié ce samedi 3 juin 2023, Le Figaro étudiant se questionne sur les raisons de l’engouement des étudiantes marocaines pour les études scientifiques. Entre études de médecine, de commerce dans une Business school ou de prestigieuses écoles d’ingénieurs, les étudiantes marocaines n’ont que l’embarras du choix, relève la publication parisienne en citant plusieurs témoignages de jeunes filles aux brillants parcours.

«Elles sont nombreuses à vouloir traiter d’égal à égal avec les hommes», écrit-on en prenant l’exemple de Kenza, qui a intégré Centrale Casablanca, prestigieuse école d’ingénieurs qui compte 36% de femmes note la publication, alors même que CentraleSupélec en France n’en compte que 19%.

Des chiffres records

Ces chiffres records, la publication les relève également à l’échelle nationale, notant qu’au Maroc, «les écoles d’ingénieurs affichent un taux de féminisation de 42%, selon un rapport de l’Unesco publié en 2021». Pour Le Figaro étudiant, ce chiffre est qualifié de «spectaculaire vu de France», où «les jeunes femmes ne représentent en moyenne que 28% des étudiants ingénieurs de ces établissements».

Le Maroc, «hub de l’enseignement supérieur en Afrique», poursuit le magazine, propose ainsi aux meilleurs élèves, filles et garçons, des classes préparatoires et des écoles d’ingénieurs dont la formation est perçue comme «le parcours des élites».

Interviewée par le magazine, Ghita Lahlou, centralienne à la tête de l’école Centrale Casablanca et femme d’affaires, explique l’engouement des étudiantes marocaines pour ces formations par leur volonté «de montrer qu’elles peuvent réussir dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes».

L’égalité des chances, le secret de la réussite

Et la publication de citer aussi des initiatives telles que le Prix de l’élève ingénieure Maghreb, l’une des récompenses décernées par le CEDEFI (la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) à l’issue d’un concours baptisé opération «Ingénieuses», lequel vise à encourager les femmes à se lancer dans des études d’ingénieurs.

Mais parmi les raisons de ce succès, relève Le Figaro étudiant, «au Maroc, les mathématiques représentent toujours la discipline reine pour emprunter l’ascenseur social». Ainsi, analyse l’article, «les jeunes filles issues de milieux modestes s’en saisissent plus facilement», d’autant plus quand elles ne maîtrisent pas de langues étrangères. La réussite des filles dans les filiales scientifiques se note ainsi au Maroc dès le baccalauréat. «Elles ont beaucoup plus à gagner à réussir à l’école que les garçons», décrypte Mohamed Tozy, professeur à Sciences Po Aix.

«Le Maroc a ainsi misé sur l’égalité des chances et peut compter en ce sens sur les nombreuses fondations (qui) agissent pour favoriser la diversité sociale et la mixité» à l’instar du «très côté lycée Lydex à Benguerir, situé dans les environs de Marrakech», cite-t-on en exemple.

50% des effectifs des classes prépas

Dans cet établissement créé en 2009 par la Fondation OCP, on remarque ainsi que «les jeunes femmes représentent la moitié des effectifs des classes prépas de l’établissement, dont les élèves font un carton aux concours de meilleures écoles d’ingénieurs marocaines ou françaises».

Enfin, autre particularité des étudiantes marocaines, «une fois diplômées, les femmes ont moins tendance à quitter le pays que les hommes», poursuit-on à la lumière des données publiées dans les enquêtes menées par Ridouane Messaoudi, doctorant en Sciences de Gestion à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. «Elles paraissent plus attachées à leur ville natale. Et préfèrent postuler auprès d’entreprises qui se trouvent dans des territoires où leurs familles sont installées», explique le chercheur.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 03/06/2023 à 18h51