«Et si on les écoutait ?» C’est autour de cette question, inspirée par les récents événements du 15 octobre à Fnideq, que s’est articulée la troisième édition de «L’débat», une rencontre organisée par l’association Marocains Pluriels, aux côtés des membres de l’association Oxyjeunes, le 11 octobre à Casablanca. Au cours de ce débat, une dizaine de jeunes ont livré leurs préoccupations et leurs aspirations à de «grands témoins», des citoyens plus avancés dans la vie active venus de différents horizons.
Pour Ahmed Ghayat, président de l’association, cette rencontre est un antidote. L’objectif est clair: permettre aux jeunes présents de s’exprimer librement sur des sujets qui les préoccupent et les dissuader de chercher ailleurs un idéal qui pourrait ne pas correspondre à une réalité fantasmée.
«L’épisode funeste de Fnideq a été une sorte d’électrochoc qui nous pousse à nous réveiller. Nous devons tous nous poser la question du ‘pourquoi’ et agir pour que nos enfants aient envie de rester chez eux», a-t-il déclaré. Ce genre d’initiative vise à convaincre les jeunes que leur place est ici, dans leur pays, et à les encourager à rester de leur plein gré.
«Aujourd’hui, nous écoutons les jeunes acteurs associatifs, culturels, sportifs, artistes de proximité qui témoignent des manques et des espoirs de cette jeunesse. Nous, les adultes responsables, devons l’écouter et lui répondre de manière significative», explique le président de Marocains Pluriels. Un pari clairement réussi.
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L’une des invitées, Lamia Radi, ambassadrice et présidente de la Fondation Mémoires d’Avenir, a mis l’accent sur l’importance cruciale des rencontres entre jeunes et représentants des institutions pour façonner des politiques publiques efficaces. «Nous avons besoin de ce type de rencontres, de moments où nous pouvons écouter les jeunes, entendre ce qu’ils veulent nous dire et ajuster nos projets en conséquence. Ces espaces sont essentiels pour affiner et réorienter nos politiques vers une plus grande efficacité», a-t-elle déclaré, soutenant ainsi l’engagement continu envers la jeunesse, conforme aux priorités du Royaume du Maroc.
Tarik Fadili, entrepreneur parti de rien, aujourd’hui accompli dans le domaine de la Tech, a tenu à partager son expérience pour motiver et rassurer les jeunes auditeurs. Pour lui, l’important est d’oser entreprendre et de savoir aussi mobiliser les ressources fournies par l’État, qui, contrairement à certaines perceptions, soutient activement les initiatives des jeunes.
Lors de son intervention, le jeune avocat Ali Razik a expliqué comment son engagement associatif l’avait sorti d’un milieu défavorisé pour le mener au barreau. Son récit a profondément touché l’audience, qui a pu prendre conscience des possibilités de succès à travers l’engagement social.
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Chaque jeune participant a contribué à enrichir le débat à travers différents sujets. Mohsin Talbi, économiste, a présenté un schéma sur la situation de l’emploi au Maroc, tandis que Zakaria Gammar, street-worker, a souligné l’importance d’acquérir des compétences transversales pour réussir en dehors des voies traditionnelles.
Adrae Bouadi, vice-présidente de l’association Hip Hop Family, a surmonté son trac pour aborder la question de l’émancipation des femmes dans la société. Enfin, Saâd El Amri, DJ marocain a souhaité voir apparaître davantage de plateformes pour permettre aux jeunes d’exprimer leur art et de briller sur la scène publique. Au passage, l’un des participants a fait un clin d’oeil à la crise des étudiants de médecine.
Des leçons de persévérance et d’espoir qui mettent en lumière l’importance cruciale des échanges intergénérationnels pour s’enrichir et mieux se comprendre.