Les fortes pluies qui se sont abattues dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 octobre 2025 ont plongé la ville d’Al Aroui, dans la province de Nador, sous les eaux. En quelques heures, des torrents ont envahi les quartiers, provoquant d’importants dégâts matériels et mettant en lumière, une fois encore, la fragilité de la structure urbaine et l’urgence de réhabiliter l’oued qui traverse la localité.
Dans plusieurs quartiers, notamment à Hadouch, des maisons ont été inondées, des portails métalliques arrachés, et des véhicules submergés sous les ponts. «Les travaux de réhabilitation entrepris auparavant n’ont servi à rien», déplore un habitant, pointant du doigt la mauvaise qualité des chantiers et la faiblesse des budgets alloués: «cette fois, la pluie a dépassé toutes les prévisions. L’eau est entrée dans nos maisons, détruisant meubles et appareils.»
Malgré la désolation, ce riverain salue la rapidité d’intervention des autorités locales et des éléments de la Protection civile, mobilisés pour aider les familles à évacuer l’eau et dégager les voitures bloquées. Mais il insiste: «Nous avons besoin d’une solution définitive, pas de pansements temporaires».
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Un autre habitant témoigne du désarroi des familles sinistrées. «Les inondations ont emporté nos meubles, nos appareils électroménagers, nos papiers officiels…». Il exprime sa gratitude envers les autorités venues constater les dégâts, mais espère que cette fois-ci, des mesures concrètes seront prises pour éviter que cela ne se reproduise.
Vingt ans d’attente pour un projet toujours bloqué
Le problème, selon de nombreux résidents, ne date pas d’hier. Depuis plus de deux décennies, les crues de l’oued menacent la ville à chaque épisode pluvieux. «On nous avait promis un projet pour canaliser les eaux vers le grand oued, mais il n’a jamais vu le jour», explique un habitant. Il souligne aussi l’erreur d’aménagement de la nouvelle route construite dans une zone basse, propice à l’accumulation des eaux. «J’ai dû plusieurs fois quitter ma maison avec mes enfants pour dormir ailleurs, de peur d’être inondé».
Pour les habitants, le constat est unanime: il faut un projet d’ingénierie complet pour sécuriser durablement la ville. Les infrastructures de drainage sont insuffisantes, les voies mal conçues, et la croissance urbaine rapide a accentué la vulnérabilité du territoire face aux phénomènes climatiques extrêmes. «Nous ne pouvons pas continuer à revivre ce cauchemar chaque hiver», résume un jeune père de famille.
Les inondations d’Al Aroui ne sont pas un simple épisode météorologique. Elles sont le symptôme d’une défaillance structurelle, où l’urbanisation a devancé la planification. Chaque crue révèle un peu plus la fragilité des infrastructures hydrauliques et la nécessité d’une vision territoriale capable de prévenir plutôt que de réparer.








