La triche gagne les examens pour l’obtention du permis de conduire

Un spécimen de permis de conduire délivré par l'Agence nationale de la sécurité routière (NARSA).

Revue de presseLa police a mis la main sur un intermédiaire qui proposait, moyennant finance, des services frauduleux à des candidats au permis de conduire. Cette arrestation met en lumière un phénomène de triche organisé qui sévit en marge des centres d’examen. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 17/06/2025 à 18h31

La scène s’est déroulée en toute discrétion, mais les soupçons planent depuis longtemps.

Lundi dernier, les autorités judiciaires de Tanger ont interpellé un homme de 34 ans, pris en flagrant délit de médiation illégale à proximité du centre d’examen de la Direction des Travaux Publics, situé à deux pas du siège de la préfecture de police de la ville.

Ce dernier, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce mercredi 18 juin, est soupçonné d’avoir offert à des candidats au permis de conduire des «services» frauduleux pour faciliter leur réussite à l’examen théorique.

Une activité clandestine bien rodée qui s’appuie sur un réseau discret, des outils technologiques sophistiqués et des lacunes persistantes dans la chaîne de contrôle.

D’après les premiers éléments de l’enquête, l’homme abordait des candidats aux abords du centre et leur proposait différentes formules d’assistance: promesse d’obtention du permis, fourniture d’écouteurs sans fil ou d’autres dispositifs électroniques permettant de tricher, le tout contre des sommes variant selon le niveau d’«aide» demandé.

Les investigations ont révélé l’existence d’un circuit bien organisé.

Le suspect utilisait un réseau de contacts pour accompagner les candidats durant l’épreuve, notamment en leur transmettant les réponses pendant le test théorique. Le tout, en profitant de l’engorgement saisonnier des salles d’examen, qui atteint son pic pendant l’été.

Ce commerce illégal se faisait en dehors du centre, rendant plus difficile la détection immédiate des fraudes.

Selon une source sécuritaire citée par le quotidien, «l’intervention rapide des forces de l’ordre a permis d’interrompre cette pratique, qui nuit à la crédibilité du système d’évaluation et met en danger la sécurité routière».

Le suspect a été placé en garde à vue et fait l’objet d’une enquête judiciaire, sous la supervision du parquet compétent.

Il pourrait être poursuivi au titre de l’article 8 de la loi n°05.00 régissant la profession d’enseignement de la conduite automobile.

Ce texte de loi punit toute personne qui facilite des opérations de fraude, ou agit en tant qu’intermédiaire illégal, par des peines pouvant aller jusqu’à de la prison ferme assortie d’amendes.

Il s’agit là d’un signal fort des autorités face à une pratique qui, malgré les progrès réalisés dans la digitalisation et la surveillance des examens, persiste dans certaines zones à forte densité.

Un responsable du secteur du transport a formellement nié toute implication du centre ou de son personnel administratif dans l’activité frauduleuse du mis en cause.

Il a rappelé que le centre fonctionnait selon des protocoles stricts et faisait l’objet d’un contrôle continu pour garantir l’intégrité des examens, écrit-on.

«Nous appliquons un protocole de surveillance rigoureux, et toutes les situations suspectes sont immédiatement signalées aux autorités compétentes», a-t-il indiqué.

Le même responsable a insisté sur le fait que les événements survenus à l’extérieur du centre ne peuvent être imputés à l’équipe qui encadre les examens.

Cette affaire relance la question de la fiabilité des processus d’obtention du permis de conduire dans le Royaume.

Car, au-delà de la tricherie, c’est la formation elle-même qui se trouve discréditée.

Des conducteurs mal formés ou non qualifiés sur la route constituent une menace pour eux-mêmes, mais aussi pour l’ensemble des usagers.

Face à ce constat, les autorités affirment renforcer les dispositifs de lutte contre la fraude à travers l’introduction de technologies plus avancées, la formation continue des encadrants et l’élargissement des contrôles extérieurs.

La direction générale du transport a par ailleurs annoncé, ces derniers mois, plusieurs mesures visant à mieux encadrer l’écosystème des auto-écoles et à restaurer la crédibilité du permis du Royaume, souvent pointé du doigt pour sa vulnérabilité à la corruption et aux passe-droits.

Par Imane Idrissi
Le 17/06/2025 à 18h31