La traite des femmes sévit encore au Maroc

Dans des douars à Kelaat Sragna, les femmes sont déposées "en caution" contre des prêts.

Dans des douars à Kelaat Sragna, les femmes sont déposées en caution contre des prêts. . DR

Revue de presseKiosque360. Lors d’une conférence tenue à Rabat, la présidente de l’association Annakhil a fait éclater un scandale: Des familles mettent leurs filles mineures en gage en contrepartie d’un prêt.

Le 15/11/2014 à 15h02

Incroyable mais vrai. Qui croirait qu’à l’heure actuelle des pratiques d’esclavagisme sévissent dans notre pays. En tout cas, c’est ce que révèlent les faits rapportés par le quotidien arabophone Akhbar Alyoum dans son édition du 15 Novembre. Selon le journal, Zakia Chramou, présidente de l’association de défense des droits des femmes Annakhil sur la ville de Marrakech, a dévoilé au grand public, lors d’une conférence, des faits scandaleux. Il s’agit, d’une traite humaine à laquelle s’adonnent des familles des douars environnant la ville de Kalaat Sraghna. Elles mettent en gage leurs filles mineures auprès d’hommes aisés afin de bénéficier d’un prêt à hauteur de 20 à 60.000 dirhams. Ainsi, des filles mineures sont livrées à ces hommes riches, qui peuvent en disposer selon leur bon vouloir. Une fois le prêt remboursé, la fille «déposée en caution» est «restituée» à sa famille tel un objet.

Selon le quotidien, ce genre de «contrat» est répandu parmi les familles les plus pauvres des villages avoisinant la ville. Akhbar Al Yaoum ajoute que c’est plutôt les Marocains résidants à l’étranger qui profitent de l’existence de ce commerce illicite de femmes dans cette région. Pire encore, La présidente ajoute que ce «contrat de mariage» est cautionné par les autorités administratives sans difficultés. Les victimes de ce «deal» sont des mineures qui reviennent, la plupart du temps, enceintes ou avec des enfants entre les bras.

Pour combattre cette pratique, une campagne de sensibilisation sous le thème « voilà pourquoi on est là» sera lancée par le groupement de trois associations de défense des droits des femmes dont l’association Annakhil, qui veut attirer l’attention de la société civile sur les droits des femmes, notamment sur l’application des dispositions de l’article 19 de la constitution. Selon les activistes, il est urgent d’activer la mise en place de la commission parité homme -femme ainsi que de lutter contre toutes sortes de discrimination du genre. Dans le même sens, les associations n’ont pas manqué de relever la hausse de 2,85% par rapport à 2012 des mariages de mineures, selon les chiffres publiés par le ministère de la Justice et des libertés malgré l’attention particulière portée à ce fléau social.

Il est à savoir qu’au Maroc, l’âge légal du mariage est de 18 ans. Néanmoins, le juge de la famille peut autoriser le mariage d’une mineure sous des conditions bien spécifiques. Des abus peuvent être commis dans ce volet vu que les conditions restent assez vagues et relèvent du pouvoir discrétionnaire du juge.

Par Asmaa El Kezit
Le 15/11/2014 à 15h02