La cyberviolence touche plus de la moitié des Marocaines

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Revue de presseAlors que la violence numérique frappe de plein fouet les Marocaines, les ONG passent à l’offensive. Associations féminines et acteurs engagés lancent une campagne nationale pour obtenir une réforme d’ampleur des cadres juridiques. Leur objectif: mettre fin à l’impunité qui entoure le cyberharcèlement, le chantage et la diffamation en ligne. Des crimes qui, en passant de l’écran à la vie réelle, laissent des séquelles durables, et entravent l’égalité des sexes. Cet article une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 28/09/2025 à 17h20

Le cyberharcèlement, le chantage aux photographies obscènes, la manipulation de contenus et la diffamation en ligne constituent désormais un arsenal qui ne cesse de s’enrichir. Ces armes silencieuses font chaque jour de nouvelles victimes parmi les Marocaines, engendrant des répercussions psychologiques et sociales si sévères qu’elles peuvent conduire au pire.

Malgré l’ampleur grandissante de ces crimes dans le Royaume, la justice peine à engager des poursuites, une difficulté accentuée par le sentiment de sécurité que confère l’anonymat des auteurs de ces faits.

Face à cette situation alarmante, des associations féminines et des acteurs de la société civile ont lancé une campagne nationale pour combattre la violence numérique qui se fonde sur le genre, relaie Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce lundi 29 septembre. Leur mot d’ordre: une réforme profonde des cadres juridiques et institutionnels, fondée sur une approche globale et coordonnée, afin de briser le cycle de l’impunité qui entoure ce fléau aux dimensions inquiétantes.

Les chiffres sont éloquents. Une étude du Haut-commissariat au plan (HCP) datant de 2019 révèle que près de 1,5 million de Marocaines ont été victimes de cyberviolence, soit un taux de prévalence de 14%. Phénomène particulièrement alarmant: le «passage des auteurs de la menace à l’acte».

Un rapport d’ONU Femmes sur la violence sexiste en ligne au Moyen-Orient et en Afrique du Nord confirme cette tendance, indiquant que 58% des Marocaines ont subi des violences et que, pour une Marocaine sur trois, l’agression a transcendé la sphère virtuelle pour envahir leur vie réelle.

Dans un communiqué, ces associations soulignent le paradoxe de la révolution numérique: si elle a radicalement transformé l’interactivité sociale, elle a également ouvert la porte à de nouvelles formes de violences, qui se fondent sur le genre.

Ces violences ont de graves conséquences sociales, professionnelles et juridiques, contraignant souvent les survivantes à se retirer de l’espace virtuel, un repli d’autant plus préoccupant que cet espace est devenu essentiel pour l’accès au savoir, à l’emploi et à la participation citoyenne. Ce retrait entrave directement les efforts déployés pour parvenir à l’égalité entre les sexes.

Le communiqué met également en garde contre les séquelles psychiques subies par les femmes violentées, telles que l’anxiété, la dépression et une perte d’estime de soi, des affections qui mènent parfois au suicide.

Pour Atifa Timjerdine, vice-présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), ce phénomène reste largement marginalisé dans les politiques publiques. Elle estime que la lutte contre ces violences en ligne exigent une approche intégrée et une adaptation continue des lois pour suivre le rythme effréné du progrès technologique, relaie Al Ahdath Al Maghribia.

En effet, bien que le Royaume dispose d’un arsenal juridique incluant la loi 13-103 contre la violence faite aux femmes et la loi 20-05 sur la cybersécurité, renforcées par des dispositions constitutionnelles, l’absence d’une définition claire et unanime de la cyberviolence restreint considérablement l’accès des victimes à la justice.

Par Hassan Benadad
Le 28/09/2025 à 17h20