Violences numériques: 1,5 million de femmes en sont victimes au Maroc, selon le HCP

Une femme connectée sur smartphone (photo d'illustration).

D’après le HCP, cette violence électronique prend diverses formes, de l’envoi d’e-mails et SMS aux appels téléphoniques. Les citadines, les filles de 15 à 19 ans, les élèves et étudiantes, les diplômées du supérieur et les femmes célibataires sont les plus exposées.

Le 08/03/2023 à 12h34

Les technologies facilitent les démarches et les interactions, et leur impact positif est bien perceptible. Mais ces outils, aussi précieux soient-ils, peuvent être utilisés de manière inappropriée, comme l’envoi de mails suspects pour effrayer, des appels répétitifs pour harceler ou déranger, ou des messages privés à caractère sexuel. Autrement dit, pour exercer de la violence numérique, une forme d’agression souvent reléguée au second plan et qui affecte bon nombre de femmes au Maroc.

L’usage grandissant des réseaux sociaux et la forte pénétration de l’Internet dans le royaume ont favorisé le développement de cette cyberviolence. Une triste réalité confirmée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans sa dernière note publiée à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes célébrée ce mercredi 8 mars.

3 fois sur 4 le fait d’un homme inconnu

D’après l’institution dirigée par Ahmed Lahlimi, près de 1,5 million de femmes marocaines sont victimes de cette violence électronique qui se manifeste sous différentes facettes, comme l’envoi de courriers électroniques et de SMS, et les appels téléphoniques. Les citadines (16%), les jeunes filles et femmes âgées de 15 à 19 ans (29 %), celles ayant un niveau d’enseignement supérieur (25%), les célibataires (30%), ainsi que les élèves et étudiantes (36%) sont les plus exposées. «Cette forme de violence est dans 73% des cas le fait d’un homme inconnu. Le reste des cas de cyberviolence revient, à part égale de près de 4%, à des personnes ayant un lien avec la victime, notamment le partenaire, un membre de la famille, un collègue de travail, une personne dans le cadre des études ou un ami», indique le HCP.

Cette violence virtuelle, qui est parfois négligée, représente 19% de l’ensemble des cas de violence subies par la gent féminine. Les filles de la tranche d’âge 15-19 ans et les femmes âgées de 20 à 24 ans en sont les principales victimes, avec des pourcentages respectifs de 34% et 28%.

Les autorités marocaines en sont conscientes et multiplient les efforts pour éradiquer ce phénomène. Dernière en date, l’organisation de la 20e Campagne nationale de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et aux filles, du 25 novembre au 10 décembre 2022, sous le thème: «Les dangers de la violence numérique sur les femmes et les filles». Une initiative du ministère de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, pour mieux sensibiliser le grand public sur ce phénomène et préconiser le changement des comportements à l’égard des femmes.

Solutions

Il y a lieu de rappeler également que des cellules pour la prise en charge des femmes victimes de violence ont été mises en place au sein des tribunaux de première instance et des cours d’appel, ainsi qu’au sein des services centraux et déconcentrés des départements chargés de la Justice, de la Santé, de la Jeunesse, de la Femme. Sans oublier les cellules au niveau de la Direction générale de la sûreté nationale et du haut commandement de la Gendarmerie royale. Autant d’espaces où les femmes bénéficieront de soutien psychologique, d’accompagnement et d’orientation. Elles peuvent également transmettre leurs plaintes via la plateforme d’écoute «Koulouna-Maak» accessible 24h/24 et 7j/7, et téléchargeable sur Smartphone.

Par Elimane Sembène
Le 08/03/2023 à 12h34