Les agriculteurs et les habitants de plusieurs douars proches de l'oued Tanoubert, à Khémisset, dénoncent l’octroi d’un marché d’exploitation de carrière de terre jaune appelée «Toufna». Les travaux menacent de détruire les obstacles naturels qui empêchaient le débordement des eaux de l’oued Tanoubert sur les habitations et les terres agricoles de la commune de Houderrane, dans la province de Khémisset. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 10 août, que les agriculteurs de la région ont été surpris, ces derniers jours, par l’installation de panneaux indiquant qu’une société allait exploiter ladite carrière pour extraire la pierre de «Toufna».
L’agriculteur et acteur associatif, Lahcen Ahssissou, souligne que les travaux prévus suscitent l’inquiétude des agriculteurs qui craignent les dégâts que cette opération ne manquera pas de causer aux terres donnant sur l’oued, dont la décrue avait déjà provoqué de grosses pertes aux cultivateurs. Cette carrière, ajoute le même intervenant, va aggraver les souffrances des habitants des douars avoisinants, dont les terres agricoles sont souvent submergées par la boue d’argile et de sable drainée par le débordement de l’oued. En effet, l’exploitation de la carrière va créer des fissures à même de faire dévier les eaux de leur lit.
Le quotidien Assabah rapporte qu’une plainte déposée par les agriculteurs révèle que les travaux préliminaires entrepris par la société détentrice de la carrière laissent craindre des dégâts considérables au niveau du pont. Les excavations en cours, précisent-ils, risquent d’inonder le pont en cas d’augmentation du débit de l’oued. Elles auront, de même, un impact sur l’environnement, puisqu’elles risquent de détruire les arbres qui constituent un obstacle naturel contre l’érosion du sol. Les agriculteurs de la région ont exhorté les ministres de l’Equipement et de l’Agriculture à l’annulation de cette autorisation et à l’ouverture d’une enquête sur les procédures d’octroi de ce marché en pleine période de confinement.
Les agriculteurs s’étonnent, en effet, que les responsables aient délivré cette autorisation au mépris des dispositions de l’état d’urgence sanitaire et sans même avertir les habitants et les propriétaires des terrains agricoles limitrophes de l’oued. D’autant plus, ajoutent-ils, que cette zone est souvent menacée par des inondations faute de barrage prévu, pourtant, dans des études faites il y a de cela plusieurs années.