Répondant à une question orale à la Chambre des conseillers sur le dossier des étudiants marocains rapatriés d'Ukraine en raison de la guerre, Abdellatif Miraoui a expliqué, mardi 21 juin 2022, qu'il sera procédé à l'organisation de différents concours pour l'intégration de ces étudiants dans le système éducatif national après l'Aïd al-Adha.
En ce qui concerne la répartition de ces étudiants, le ministre a précisé que le principe de mérite sera adopté en fonction de la note obtenue au concours national et du nombre de places disponibles dans chaque établissement. Il a également noté que le ministère a contacté certains pays d'Europe de l'Est (Roumanie, Hongrie et Bulgarie) dont le système éducatif est similaire au système ukrainien, afin d’examiner les possibilités d'accueillir des étudiants marocains.
Serait-ce donc la fin du calvaire des étudiants de retour d’Ukraine? A croire certains d’entre eux, ce n’est pas le cas. Approchée par Le360, Salma, étudiante en médecine, refuse les solutions proposées par le ministre, estimant que la tutelle n’a pas impliqué ces étudiants dans le processus d’élaboration des alternatives pour leur réintégration universitaire alors qu'il sont les principaux concernés.
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Fatima Zahra, également étudiante en médecine, soutient que jusqu’à présent, aucune information n’est disponible quant aux modalités et aux contenus des épreuves que doivent passer ces étudiants après l'Aïd, signalant avoir étudié dans des curriculums différents de ceux adoptés au Maroc.
Même son de cloche chez Hicham, étudiant en médecine dentaire, qui se dit profondément déçu par l’intervention du ministre qui n’a pas éclairci plusieurs points. Il note qu’une réunion avec les responsables du département de l’Enseignement supérieur est aujourd’hui indispensable pour lever tout doute sur leur avenir universitaire.
Un avis également partagé par Abdelkader Youssfi, président de l’Association nationale des parents d’étudiants marocains en Ukraine (ANPEMU), qui exprime l'opposition de son collectif aux solutions annoncées par le ministre, expliquant que ce dernier n'a rien apporté de nouveau concernant le dossier des étudiants concernés, puisqu’il s’agit des mêmes propos qu’il a tenus, en avril dernier, devant le Parlement.
Il tient aussi à souligner que l’ANPEMU a sollicité, à plusieurs reprises, une rencontre avec le ministre pour résoudre ce dossier, mais toutes ses demandes sont restées sans réponse.
S’agissant de l’option n-1 proposée par le ministre qui consiste en l’intégration des étudiants de retour d’Ukraine, en cas de réussite au concours, dans l’année qui précède leur niveau avec une adaptation des programmes pédagogiques, celle-ci est considérée par le président de l’ANPEMU comme une alternative à écarter, puisqu’il s’agit en vrai d’une option n-2. Il explique, dans ce sens, que le responsable gouvernemental considère cette année universitaire comme étant une année blanche.
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Youssfi fait ainsi observer qu’un étudiant en troisième année de médecine, retenu dans ce concours proposé par la tutelle, sera amené à suivre des cours de deuxième année, alors qu’il est censé être en quatrième année. Ceux en première ou en deuxième année devront également reprendre les cours depuis le début, à savoir en première année, comme s’ils venaient de décrocher leur baccalauréat. Une solution aberrante, martèle-t-il.
Il ajoute que le nombre d’étudiants inscrits sur la plateforme numérique créée par la tutelle pour télécharger les documents liés à leurs études dans les universités ukrainiennes s’élève à quelque 3.500, contre 7.200 pour la première plateforme dédiée à leur recensement. D’après lui, ce nombre n’est pas élevé, ce qui pourrait permettre à ces étudiants d’être directement réintégrés dans les universités marocaines.
Abdelkader Youssfi appelle donc le ministre à revoir ces alternatives et l’invite à s'asseoir autour d’une table de dialogue pour préserver l’intérêt des étudiants concernés par cette réintégration universitaire. Il annonce par ailleurs que son association organisera le 28 juin un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur pour dénoncer la «gestion chaotique» de ce dossier.