Entre peur et désarroi, des milliers d’étudiants marocains, encore bloqués en Ukraine, tentent de rallier les frontières des pays limitrophes à ce pays en guerre. L’espace aérien du pays étant actuellement fermé, la voie terrestre est désormais leur unique espoir de fuir les violences.
Les routes qui leur permettront d’atteindre les points de transit frontaliers du pays avec la Roumanie, la Pologne, la Hongrie ou encore la Slovaquie, sont elles aussi le théâtre de la guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine.
«Aujourd’hui, beaucoup de Marocains n’arrivent pas à trouver des moyens de transport adéquats pour se diriger vers les villes ukrainiennes frontalières avec la Roumanie, la Pologne et la Slovaquie», a expliqué Wafaa Daoui, membre de l’Association des lauréats marocains des universités et instituts ex-soviétiques, interrogée par Le360.
Selon de nombreuses plaintes, la communauté marocaine en Ukraine ne parvient pas à joindre les opérateurs sur les numéros d’urgence qui ont été mis à leur disposition par les autorités consulaires? Et actuellement des milliers de Marocains sont toujours bloqués aux frontières de l'Ukraine où des points de passage sont encore possibles, et se plaignent d’un manque de coordination avec les ambassades du Royaume dans les pays limitrophes.
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«Ces étudiants ont passé plusieurs nuits dans la rue avant de passer les frontières ukrainiennes. Souvent aussi, ils ont du mal à entrer en contact direct avec les employés des ambassades du Royaume en Roumanie et dans d’autres pays pour les prévenir de leur arrivée. Ils ont peur et ne savent pas quoi faire, parce qu’ils sont dans un pays qui n’est pas le leur», regrette cette interlocutrice.
En Ukraine, la communauté marocaine est l’une des plus importantes de l'ensemble des étudiants étrangers qui étudient dans ce pays. Ce sont environ 8.000 jeunes Marocains, principalement inscrits en médecine, pharmacie et génie civil, à Kiev, à Odessa et à Kharkov, selon des données qui ont été recueillies en 2020 par le ministère ukrainien de l’Education.
A cause de la guerre, ces Marocains sont donc contraints de fuir, malgré l'incertitude de pouvoir assurer la continuité de leurs études.
«Personne ne s’attendait au déclenchement d’une guerre. Samedi dernier, 12 février 2022, l’ambassade du Maroc à Kiev avait recommandé aux ressortissants marocains de quitter l’Ukraine, mais ces étudiants-là ont été pris au piège de leurs universités, qui leur ont refusé une formation à distance, les menaçant même de renvoi si ces derniers auraient regagné le Maroc», précise l’intervenante.
Entre la peur que ressentent ces milliers de Marocains bloqués en Ukraine, et la confusion qui existe actuellement, Wafaa Daoui propose quelques solutions: «il serait judicieux d’ouvrir une seule et unique frontière dédiée aux ressortissants marocains, au niveau d’un des pays de transit frontaliers de l’Ukraine. Il faudrait penser à mettre en place un dispositif de transport adéquat pour chercher les étudiants dans leurs lieux d’habitat, et les acheminer vers les point de transit, en toute sûreté et sécurité».
«Notre association détient à son actif un long carnet d’adresses dans presque l’ensemble des pays de l’ex-URSS. Ces contacts pourraient être très utiles, si nous pouvions coordonner étroitement avec les autorités marocaines et ukrainiennes, pour les communiquer aux étudiants bloqués et leur permettre de se diriger vers ces adresses, même de manière temporaire», propose-t-elle encore.
Pris au piège de la guerre en Ukraine, ces étudiants marocains espèrent un retour proche au Maroc, et pensent que davantage d’efforts sont à fournir pour les sortir de cet enfer.