Interpellée sur la situation des femmes au Maroc et les discriminations qu'elles peuvent encore subir à ce jour, Aawatif Hayar estime que «malgré le progrès significatif réalisé par le Royaume dans le cadre de la défense des droits de la femme, il reste encore beaucoup à faire, notamment en termes de stéréotypes et de schémas réducteurs encore véhiculés dans notre société».
«Pour pallier cela je crois à l’éducation, notamment des enfants, dès leur plus jeune âge. Il faut que les parents prennent conscience de leur rôle dans l’éradication de schémas réducteurs vis-à-vis de la femme qu’on peut toujours trouver au sein des familles même, dans l’espace publique ou dans le travail», souligne la ministre.
Des programmes de sensibilisation devront ainsi être lancés dans plusieurs supports de communication. Le chantier de mise en place des centres d’accompagnement des femmes battues sera également accéléré par le ministère afin d’atteindre l’objectif fixé en 2020, dans le cadre de la déclaration de Marrakech, qui vise à mettre en place 65 centres d’accompagnement.
Interrogée sur la question de la réforme du code de la famille, une avancée voulue par plusieurs acteurs de la société civile et plus récemment par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui a appelé à adapter la Moudawana au contexte social actuel, notamment sur des questions qui concernent la tutelle, le divorce, la garde des enfants, ou encore la pension, la ministre de la Solidarité assure que son département est «toujours ouvert vis-à-vis des sujets qui sont discutés par la société civile».
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La ministre explique également que «le code de la famille est un sujet de société, qui concerne plusieurs parties prenantes. Ce code a été une très grande avancée pour les femmes de notre pays et depuis son adoption plusieurs choses ont changé. Notre société a évolué, mais ce sont des choses qu’il faut préparer dans la sérénité, dans la concertation et l’implication de toutes les parties prenantes».
Le registre social unifié pour bientôtAlors que le gouvernement est plus que jamais appelé à soutenir la frange de la population la plus défavorisée dans un contexte marqué par les effets de la crise sanitaire et la hausse des prix de plusieurs produits de consommation, la ministre de la Solidarité rassure quant à l’avancement du chantier de la mise en place du registre social unifié (le RSU), ce mécanisme de ciblage des ménages à faible revenu.
Le RSU est ainsi une «révolution» selon la ministre, qui permettra de disposer d’une cartographie sociale numérique, dont les données seront exploitées pour identifier les personnes éligibles aux différents programmes de soutien mis en place par le gouvernement.
A l’issue de plusieurs rencontres régionales de concertation sur la stratégie 2021-2026 de son département, Aawatif Hayar dit avoir identifié plusieurs attentes des citoyens sur le volet social, notamment la scolarisation des jeunes filles, le besoin d’améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap ou encore l’autonomisation des femmes.
Un programme de 250 millions de dirhams a ainsi été mis en place par le département pour aider 36.000 femmes à accéder à l’emploi, soit 3.000 femmes dans chaque région, assure la ministre, notant que le programme GISR (Green innovative social regeneration), un mécanisme de régénération sociale verte et innovante, visant à créer une nouvelle génération de services sociaux, vient également soutenir les efforts du ministère dans ce sens.