L’affaire fait grand bruit à El Jadida. Saisie par le procureur général près la Cour d’appel de Casablanca, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a ouvert une enquête sur un compromis conclu entre la commune urbaine et la société chargée de la gestion déléguée du secteur de la propreté, Arma Environnement, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 15 août. Selon la plainte déposée par l’Instance nationale pour la protection des deniers publics et la transparence, cet accord aurait entraîné la réduction drastique de pénalités financières imposées à l’entreprise, privant ainsi la commune de recettes substantielles.
Initialement fixées à 2,5 millions de dirhams, les amendes ont été ramenées à 673.101 dirhams. Dans le détail, les sanctions liées aux ressources humaines sont passées à 660.728 dirhams à 2,1 millions de dirhams. Celles concernant les équipements ont chuté de 544.728 dirhams à 50.400 dirhams, précise le quotidien.Plus étonnant encore, toutes les pénalités dues pour la période de novembre 2023 au 12 juin 2024 ont été purement annulées, au motif de dysfonctionnements survenus sur le site d’enfouissement des déchets situé à Moulay Abdellah Amghar.
Pour l’Instance nationale, il s’agit d’un «acte de dilapidation de fonds publics» et d’une «collusion portant atteinte aux intérêts de la collectivité territoriale». L’association estime que cette décision a entraîné un manque à gagner important pour les finances locales et a demandé des comptes à la justice.
Cette affaire intervient dans un contexte de vive contestation autour du secteur de la propreté à El Jadida. «Depuis des années, habitants et visiteurs dénoncent l’état d’insalubrité des rues, la prolifération des déchets solides, les odeurs nauséabondes et les nuisances liées aux insectes. Les tensions se sont aggravées lorsque la municipalité a reconduit, pour la période allant de novembre 2024 à novembre 2031, la même société déjà critiquée pour ses manquements», lit-on encore.
Parallèlement, l’entreprise est régulièrement en conflit avec ses employés concernant le paiement des salaires et la gestion des congés. Pour beaucoup, cette reconduction montre un système où les mêmes acteurs gèrent le service depuis des années, malgré des dysfonctionnements répétés.
Alors que la BNPJ poursuit son enquête et que de nouvelles auditions sont prévues, cette affaire pourrait bien devenir un test pour la transparence et la gouvernance locale dans la région des Doukkala.







