Les manifestations organisées sous la bannière du collectif GenZ212 ont, encore, basculé dans la violence. Hier mercredi 1er octobre, de nombreux et graves incidents ont encore été enregistrés. La plus inédite et la plus dangereuse aura été l’attaque armée perpétrée contre la brigade de la Gendarmerie royale de Leqliaa, à Inzegane-Aït Melloul. L’assaut a été brutal et inattendu. Des groupes d’individus, armés de pierres et d’armes blanches, ont tenté de forcer l’entrée du bâtiment, avec l’objectif de s’emparer de munitions, de matériels et d’armes de service, indiquent les autorités locales.
Face à cette attaque, les gendarmes ont d’abord riposté par l’usage de bombes lacrymogènes pour disperser les assaillants. Mais ces derniers ont rapidement renforcé leurs rangs, revenant à la charge en plus grand nombre. Ils sont parvenus à pénétrer dans les locaux, s’emparant d’un véhicule et de quatre motos de la Gendarmerie royale, avant d’y mettre le feu et d’incendier une partie du bâtiment.
Devant l’ampleur du danger et la tentative d’arracher des armes de service, les éléments de la Gendarmerie ont été contraints de recourir à leurs armes à feu, en légitime défense. Deux personnes ont succombé à leurs blessures, tandis que d’autres ont été touchées lors de leur participation à l’attaque. Une enquête judiciaire est menée sous la supervision du parquet compétent, afin de déterminer les circonstances exactes de ces événements et d’identifier l’ensemble des auteurs impliqués dans ces actes criminels.
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À Salé, la soirée a été marquée par des scènes de violence urbaine d’une rare intensité. Des groupes d’individus ont pris pour cible deux véhicules de la Sûreté nationale, qu’ils ont d’abord endommagés avant de les incendier sous les yeux des passants. Dans le même périmètre, une agence bancaire a été attaquée et vandalisée, tandis que plusieurs biens publics, notamment du mobilier urbain, ont subi d’importants dégâts.

La vague de saccages ne s’est pas arrêtée là. À Tanger, un restaurant de fast-food appartenant à une grande chaîne internationale a également été pris pour cible, sa devanture fracassée et ses installations dégradées. À Tanger, toujours, et sur une grande artère, les forces de l’ordre stationnées au loin ont fait l’objet de jets de pierres par de supposés manifestants alors que mobilier urbain et panneaux de signalisation ont été arrachés.

À Sidi Bibi, dans la région d’Agadir, des individus se sont également attaqués au siège de la commune rurale. Plusieurs bureaux ont été incendiés, provoquant d’importants dégâts matériels. Par ailleurs, des scènes de vandalisme ont été rapportées dans d’autres petites villes, telles que Kelâat M’Gouna.
La mainmise des émeutiers
Ces actes, d’une extrême gravité, témoignent de la montée d’un climat de tension et de débordements incontrôlés qui ont profondément choqué la population locale. Fait notable, certaines localités ne figuraient pas sur la liste des villes initialement désignées par le GenZ212 pour accueillir les manifestations. Ces débordements traduisent ainsi un élargissement incontrôlé du mouvement de protestation, échappant aux cadres fixés par ses initiateurs. Il s’agit d’une exploitation par des émeutiers, sans revendications, de manifestations en vue de détruire des biens et de piller. Fait notable: c’est désormais pendant la nuit que les violences sont perpétrées par des personnes, dont nombre d’entre elles sont cagoulées. Nous sommes très loin de la définition d’une manifestation à caractère pacifique.
Autre fait notable: un grand nombre d’émeutiers sont des mineurs. Ce qui interroge sérieusement sur la responsabilité des parents, laxistes ou incapables de tenir leur progéniture. À l’heure des comptes, les parents doivent répondre des actes criminels de leurs enfants.
Deuxième nuit de violence
Il s’agit de la deuxième nuit consécutive de violences. Face aux débordements, notamment du mardi 30 septembre, les autorités judiciaires ont engagé des poursuites contre 193 personnes impliquées dans les violences, dégradations et incitations observées ces derniers jours dans plusieurs villes du Royaume. C’est ce qu’a indiqué Zakaria Laaroussi, magistrat et chef de l’unité de suivi de l’exécution des mesures répressives à la Présidence du ministère public, dans une déclaration à la presse.
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Selon le responsable, 18 suspects font actuellement l’objet d’une instruction judiciaire, dont 16 ont été placés en détention sur décision du juge d’instruction. En parallèle, 19 autres individus sont poursuivis par les parquets compétents en état de détention, compte tenu de la gravité des actes commis, allant de crimes de droit commun à des violences sous l’emprise de stupéfiants. À cela s’ajoutent 158 prévenus poursuivis en état de liberté et 24 affaires classées. Plusieurs personnes ont également été relâchées après audition et établissement des procès-verbaux.
Laaroussi a précisé que ces mouvements de contestation, non autorisés, se sont vite transformés en débordements sans rapport avec une manifestation pacifique. Les forces de l’ordre ont été prises pour cibles de jets de pierres, tandis que des biens publics et privés ont subi de lourds dommages: véhicules incendiés, commerces pillés, mobilier urbain détruit, voies publiques bloquées. Ces agissements, a-t-il rappelé, constituent des atteintes graves à la sécurité des citoyens et à l’ordre public. Les enquêtes, toujours en cours, visent à identifier et interpeller le reste des personnes soupçonnées d’avoir pris part à ces violences survenues dans la nuit du 30 septembre. Le magistrat a enfin assuré que les parquets, conformément à la Constitution et à leurs missions, veilleront à l’application stricte de la loi afin de protéger les citoyens, leurs biens et garantir la préservation de l’ordre public.
À hier mercredi dans la journée, les violences, avec usage d’armes blanches, de cocktails Molotov et de jets de pierres, ont provoqué des blessures de gravité variable à 263 membres des forces de l’ordre et à 23 autres personnes, dont une a nécessité une hospitalisation à Oujda, a indiqué Rachid El Khalfi, porte-parole du ministère de l’Intérieur. Par ailleurs, 142 véhicules des forces publiques et 20 voitures particulières ont été incendiés ou sérieusement endommagés. Les protestataires ont également pris d’assaut plusieurs administrations, établissements, agences bancaires et commerces, où ils ont commis des actes de pillage et de vandalisme, notamment à Aït Amira (province de Chtouka-Aït Baha), Inzegane-Aït Melloul, Agadir Ida Outanane, Tiznit et Oujda. Dans cette dernière ville, certains manifestants sont même allés jusqu’à bloquer une ambulance de la Protection civile, entravant l’évacuation des blessés. À mercredi, un total de 409 individus avaient été placés en garde à vue sur instruction du parquet compétent. Toute personne reconnue coupable d’actes tombant sous le coup de la loi fera l’objet de poursuites avec rigueur et fermeté, a précisé Rachid El Khalfi.











